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Le Christ Roi, un Dieu qui juge ?

Chers amis, l’évangile de ce dimanche nous donne à entendre le passage du jugement dernier. Un passage qui peut en faire frémir certains… Pourtant,ne stressez pas à cause de ce jugement dernier. Il n’y a pas de quoi ! Et ne culpabilisez pas non plus. L’Evangile n’est pas là pour nous donner mauvaise conscience. L’Evangile, c’est la Parole de Dieu, le Verbe fait chair, qui vient nous donner sa vie, qui vient nous annoncer l’amour et la miséricorde de Dieu. Même si on ne la voit directement à l’œuvre ici. Normal, c’est une parabole, c’est-à-dire un récit qui tente de nous expliquer une réalité du Royaume de Dieu, un royaume que nous ne pouvons pas encore connaître pleinement. Et tous les mots de cette phrase passe-partout que je viens de dire sont importants : « Un royaume que nous ne pouvons pas encore connaître pleinement ». Laissez-moi prendre, à mon tour, une image pour expliquer cette parabole.

Un sportif qui s’entraine pour une compétition, un footballeur qui rêve de gagner la coupe du monde par exemple, s’entraine, sans savoir s’il aura la récompense espérée. Il s’entraine pour être le meilleur. Point ! Ou alors il joue, mais il fait de son mieux pour ne pas pénaliser son équipe (sans quoi il s’en fait virer !). La vie chrétienne c’est pareil. Nous visons le Royaume de Dieu, notre coupe du monde ! Avec une différence notoire : tous, nous pouvons gagner ! Mais attention, « tous, nous pouvons », ça ne signifie pas que « tous nous allons » gagner. Le royaume de Dieu, comme le disait une vieille pub pour les antibiotiques, c’est pas automatique !

C’est là que la parabole racontée par Jésus prend tout son sens ! Le royaume de Dieu nous est offert, proposé. C’est, comme le dit le prophète Isaïe, une terre nouvelle et des cieux nouveaux. Souvenez-vous de la première création. Dans la Genèse, Dieu crée en séparant les eaux du dessus et celles du dessous, en séparant la lumière des ténèbres. En séparant, Dieu ordonne, il met de l’ordre, pour que la vie puisse éclore. C’est la même chose pour ce Royaume de Dieu, pour ce jugement dernier qui porte bien mal son nom à mon sens, où Dieu sépare pour permettre à la vie de continuer, d’écore en totalité. Pour ce nouveau monde, bâti sur l’amour, Dieu remet de l’ordre !

La séparation qu’il effectue n’est pas entre les hommes, comme l’image prise par Jésus le montre, mais en nous. St Matthieu, tout au long de son évangile, a utilisé des images et des comparaisons juridiques. Et il continue ici. Pourtant, qui d’entre nous aimerai être le juge de sa propre vie ? Rien qu’à voir la difficulté des procès, que l’actualité récente nous rappelle chaque jour, qui a envie de juger ce qui est bon en soi, ce qui n’est pas prêt pour le royaume, ce qui n’a pas de place dans le royaume ? Le juge dont il est question dans ce texte est plutôt un médecin qui vient nous guérir, en coupant ce qui nous empêche d’aimer vraiment, ce qui nous empêche d’accéder pleinement au Royaume de Dieu ».

Et Jésus nous montre quel sera le critère essentiel de ce jugement, de cette guérison : l’amour, pur et gratuit, sans calcul. La surprise des personnes jugées, tant celles de droite que de gauche (rien à voir avec la politique), cette surprise dit bien que ces personnes n’avaient pas agi en fonction d’une récompense à attendre. Ce qui sauve, ce n’est plus l’appartenance à un groupe, à une race, à une culture, à une religion, mais la relation aux autres, à ses frères, à ceux qui sont les plus pauvres, à ceux dont nous acceptons de nous faire proches, comme le Bon Samaritain. Ce qui nous sauve, ou plutôt celui qui nous sauve, c’est donc Dieu qui nous offre gratuitement son amour.

Là est le nœud de l’histoire ! Nous n’avons, pour entrer dans son royaume, pour vivre pleinement dans son amour, qu’à accueillir cet amour et le laisser porter du Fruit en nous. Nos œuvres ne sont dès lors plus nos exploits, mais reflètent la manière dont nous avons accueilli cet amour divin donné, dont nous lui avons permis de nous transformer…

Les personnes de gauche dans la parabole, les actes d’amour, de charité, que nous ne posons pas, ce sont ces refus de vivre de l’amour. Or Dieu ne peut nous contrainte. Il nous laisse libre. A nos risques et périls oserai-je dire. Il nous invite à aimer, nous donne les moyens pour le faire, mais c’est à nous de le faire justement. Si le royaume c’est la coupe du monde, pour reprendre l’image du début, Dieu ne peut pas nous contraindre à jouer au foot… D’ailleurs, la réponse des personnes réprouvées dans la parabole de St Matthieu est éloquente : Si on avait su… Ces personnes, comme nous tant de fois dans notre vie, se sont fait une représentation de Dieu qui ne correspondait pas à la réalité. On appelle cette représentation une idole. On a mis Dieu dans une cadre précis. Alors que l’amour ne peut pas s’enfermer, que l’amour fait éclater tous nos cadres.

Chers amis, cette parabole ne peut pas être sortie de son contexte, et ne doit pas être utilisée pour nous faire peur, mais a pour but ultime de nous apprendre à aimer toujours plus, toujours mieux, toujours plus largement. Par le baptême, nous entrons déjà un peu dans le Royaume de Dieu. Notre vie n’est ensuite qu’un accueil de cet amour qui nous transforme, qui passe en nous et à travers nous, pour que nous puissions un jour être capables d’entrer pleinement dans ce monde nouveau, ce monde d’amour parfait, total… Oui, le jugement, finalement, s’il est dernier final, est aussi actuel… C’est déjà maintenant, chaque jour, que nous pouvons le vivre pour nous laisser toujours plus aimer, pour aimer toujours mieux, gratuitement, sans calcul, librement… comme Dieu lui-même nous aime.

Stéphane Jourdain

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