Appelés à la sainteté

Après ma conversion je me posais une question lancinante : comment devenir sainte ? Cela me paraissait une injonction. « A l’exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints vous aussi » (1 P 1,15). Quel programme ! J’étais si loin de celles et ceux dont j’avais lu la biographie ! Ça n’était pas pour moi. Et puis je n’avais pas envie de finir comme les saints martyrs.  Quelle attitude avoir ? Que faire ? Comment être ? Dans quel moule me couler ? J’étais dans l’angoisse. Le Seigneur allait-il tout changer en moi ?

Un jour, entrant dans une église de campagne, je regardais les statues comme je ne les avais jamais vues. Sainte Jeanne d’Arc dans son armure, saint Benoît dans sa robe de moine, sainte Thérèse en habit de carmélite, le saint Curé d’Ars dans ses vêtements de prêtre… Tous différents. Je compris alors qu’il n’y avait pas de moule dans lequel il fallait se glisser. Je compris aussi que Dieu respecte la personnalité, l’originalité de chacun. C’est son œuvre. Cétait un premier soulagement.

Pourtant, je continuais à me chercher des modèles. Il y a tant et tant de saints ! Il y a ceux dont le nom est inscrit sur le calendrier. Il y a ceux qui n’y figurent pas mais que l’Institution a béatifiés, canonisés. Il y a ceux dont l’Église n’a pas eu connaissance, mais que le Seigneur, Lui, connaît. Il y a ceux de l’Ancien Testament : Abraham, Sarah, Moïse… Chacun est unique.

Alors moi ? J’avais beau faire des efforts, je retombais dans mes travers ; faire tout ce qu’il fallait : aller à la messe, prier, faire des retraites, m’engager… je ne me trouvais pas meilleure. Et puis résonnait très fort en moi, cette partie du Gloria : « Toi seul est saint ». Entièrement d’accord, Seigneur. Mais alors, c’est quoi la sainteté ?

Petit à petit, je compris. « Si Toi seul est saint, Seigneur, c’est que Toi seul peut me conduire à le devenir. Par Ta grâce. » Alors, je cessai de me torturer et je dis au Seigneur : « Fais de moi ce que tu veux. Je veux être comme l’argile dans la main du potier. Je suis à Toi, je T’appartiens. Donne-moi Ton Esprit. » Et je Lui redis souvent cette prière. Et comme je suis sûre que le Seigneur m’entend…

Mais moi est-ce que je l’entends ? Est-ce que j’entends ses appels ? Je le fais si souvent à reculons ou en traînant les pieds ! Au temps de saint Paul, on appelait les chrétiens, les saints. C’est que nous sommes tous appelés à le devenir.

Et des saints chrétiens, nous en côtoyons. Il y en a dans notre communauté de paroisses. Ces chrétiens humbles, militants, proches de leurs frères, qui rendent service, qui font vivre l’Église… Ils sont comme le dit le Pape François, les saints de la porte d’à côté.

« J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté. » (Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate du Saint Père François)

Armelle Herfeld

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