«Je suis la résurrection et la vie… Déliez-le et laissez-le aller».(Jn 11,1-45)
Par le cinquième dimanche de carême s’ouvre le temps de la Passion, deux semaines avant la fête de Pâques. La résurrection de Lazare est le dernier miracle de Jésus, son dernier signe avant la Passion. Dans cet évangile, Jésus prépare ses disciples à la Passion et leur montre déjà, qu’avec lui, la mort n’a pas le dernier mot.
Jésus va au-devant de sa propre mort et se laisse conduire par la volonté du Père. Les disciples ont résisté à «monter» à Jérusalem. Marthe est réticente à ouvrir le tombeau de Lazare. Et nous, sommes-nous prêts à entrer dans la passion à la suite de Jésus ? Car il ne s’agit pas d’abord de Jérusalem, ni du tombeau de Lazare, mais d’un autre monde, celui du «Père» dont Jésus est l’Envoyé. Sans ce lieu-là, le problème de la mort n’a pas de solution.
Il y a en effet deux types de mort, la mort physique par laquelle tous doivent passer, et la mort spirituelle due au péché. La maladie de Lazare ne conduit pas à la mort spirituelle, c’est une maladie physique, elle est pour la Gloire de Dieu, pour que le Fils de l’homme soit glorifié, c’est-à-dire qu’en ressuscitant Lazare Jésus va montrer à ses disciples qu’il est maître de la mort physique : «Je suis la Résurrection et la vie» dit-il à Marthe, en voulant aussi lui montrer que tout est possible à celui qui croit, et même plus : «Celui qui croit en moi ne mourra jamais», car ce qui est en jeu, c’est la libération du péché et la vie éternelle pour l’homme, au-delà de la résurrection de la chair.
En attendant, nous devons tous passer par la mort physique, comme d’ailleurs Jésus lui-même, et la résurrection de Lazare est aussi un enseignement sur la mort physique. Jésus ne vient pas pour nous épargner la souffrance et le deuil, mais pour transmuer ces souffrances et cette mort par sa résurrection, et la considérer comme le «passage» à la vie bienheureuse. Si bien que, tant que nous vivons, il nous reste à «croire : Christ est mort et ressuscité pour nous sauver du péché», et à «vivre une vie nouvelle» comme a dû le faire Lazare avant sa deuxième mort physique. Sur le chemin du carême, nous ré-apprenons à vivre notre baptême en enfants de Dieu. «Le corps reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre puisque vous êtes devenus des justes» nous dit saint Paul (Rm 8, 8-11).
Concrètement, soyons aujourd’hui des disciples-missionnaires vivant selon l’Esprit, porteurs à temps et à contretemps auprès de nos frères de cette «Bonne Nouvelle» : «Jésus est la résurrection et la vie». Et tout particulièrement auprès des malades, des réfugiés, des prisonniers, des abandonnés, des méprisés, ayons le regard d’amour et de miséricorde de Jésus qui pleure la mort de son ami Lazare. Il nous demande à nous aussi, en son nom, de «délier» nos frères de leurs liens qui les enferment, de la drogue, la violence ou l’injustice, la faim, la pauvreté ou le deuil, et de leur montrer la possibilité d’une «vie nouvelle» avec Lui.
«Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous». C’est le mystère central de notre foi, que nous venons de célébrer pour la fête de l’Annonciation. Comme Marie, disons Oui à Dieu pour accueillir Jésus en nous et mener cette vie nouvelle. Avec Elle et tous nos frères et sœurs en Eglise, n’ayons pas peur d’entrer avec Jésus sur le chemin de la passion jusqu’à la croix. Jésus est victorieux de la mort et nous conduit vers la Résurrection: «Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra» (Jn 11, 25).
