7è Dimanche du Temps de Pâques
Publié le 24 mai 2020
7ème dimanche du temps de Pâques – Jn 17, 1-11
Depuis le début du temps de Pâques, nous lisons des passages de l’Evangile de St Jean.
Des passages riches et denses, parfois difficiles à comprendre et accueillir. Ces textes demandes à être appréciés, dégustés à petites gorgées. Aujourd’hui, nous sommes invités à recueillir le testament spirituel de Jésus. C’est un testament en forme de prière. Jésus s’adresse à son Père. Il lui demande trois choses :
-Que nous soyons heureux et comblé
-Que nous restions unis
-Et que nous demeurions dans la vérité.
Toutefois, pour que cela soit possible, Jésus demande à Dieu de nous protéger. Pourquoi?
Parce que la demande du Christ nous rend excessivement vulnérable. En effet, accepter de vivre comme Jésus, nous conduit à ne pas être du monde comme lui, Jésus, n’est pas de ce monde. Qu’est-ce que cela veut dire? C’est sur ce point que je souhaiterai m’arrêter.
Il est vrai que Jeudi dernier, la solennité de l’ascension a marqué le départ du Christ. Nous avons alors parlé d’une nouvelle présence au monde et de la nécessité de constamment lui donner sa place au cœur de nos vies.
Mais est-ce une raison pour refuser le monde dans lequel nous vivons actuellement?
Certes, ce n’est pas un monde parfait, mais tout de même!
Si nous nous en tenons à l’évangile de St Jean, insiste pour nous rappeler que «Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils». Alors si Dieu aime ce monde, pourquoi devrions-nous le mépriser? En fait, nous avons à aimer le monde tel qu’il est aujourd’hui, mais sans pour autant accepter ou cautionner tout ce qui s’y passe. Nous n’avons pas l’obligation de tout bénir. Ce qui fait qu’à certains jours, la vie chrétienne n’est pas forcément confortable. Très souvent nous avons du mal à nous situer. A certains jours, l’enseignement des Béatitudes est bien difficile à porter. Alors Jésus prie. Il prie pour ses disciples, il prie pour nous tous. Il prie pour que Dieu nous aide à tenir envers et contre tout. Parce que soyons honnêtes, il y a des jours où nous baissons les bras. Parce qu’il y a des jours, où trop facilement nous interprétons la Parole de Dieu dans le sens qui nous arrange. Parce qu’il y a des jours, où l’individualisme, le «chacun pour soi» peut détruire les groupes les plus soudés.
Oui, il y a des jours, comme cela, où nous avons besoin des prières de Jésus pour tenir bon malgré la tempête.
Cependant, il reste que nous tiendrons à une seule condition : viser la sainteté. Ou plus exactement en nous laissant sanctifier par l’Esprit du Seigneur. Car on ne se «fait» pas saint comme on se fait athlète ou acrobate, à la seule force des muscles. Là aussi, nous avons besoin de la prière de Jésus. Qui que nous soyons, tout un chacun, que nous soyons prêtres ou laïcs, il nous faudra, un jour ou l’autre, prendre ce risque de vaciller entre la joie de Dieu et les forces qui nous en éloignent. Il nous faudra assumer cette tension entre le désir de comprendre le monde, de partager pleinement sa vie, et en même temps de ne pas tout bénir sous prétexte que c’est moderne. Un jour ou l’autre, il nous faudra être pour Dieu dans ce monde qui parfois est contre. C’est le sens de la sanctification : ordonner notre vie à ce désir de ressembler à Dieu.
Et pour cela, il n’y a qu’un chemin possible : celui de l’exigeante contemplation du Christ.
Le suivre, Lui, Jésus, pas à pas.
Prendre le temps de le «pratiquer», pour qu’un jour nous puissions, nous aussi, comme Lui, rayonner de la présence du Dieu Père.
Chers Amis, le monde d’aujourd’hui est un monde difficile .C’est un monde où se côtoient le meilleur et le pire, les plus beaux spectacles comme les pires horreurs.
Certes, nous pouvons éprouver le besoin de le fuir, en faisant de notre religion une tour d’ivoire et en confinant l’Eglise dans la sacristie.
Mais ce n’est pas ce que le Seigneur nous a demandé.
Il souhaite que nous restions dans le monde pour l’humaniser et l’évangéliser.
En tout état de causes, cela suppose que nous acceptions de fleurir là où nous avons été semés. Pour cela nous avons besoin de la prière de Jésus…Comme nous avons besoin de la prière de ceux qui nous ont précédés dans la foi…Comme chacun d’entre nous a besoin de la prière des uns et des autres….
Père Philippe Boissé