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10 février 2019 – 5ème Dimanche du Temps de l’Eglise

Un métier pas comme les autres ?

J’entends souvent dire, « vous travaillez dans la santé […], mais c’est pas un métier comme les autres… ». Cette affirmation m’interroge toujours, voire même suscite en moi un peu d’inquiétude : mais pourquoi donc l’imaginaire collectif nous catalogue-t-il « à part » ? Pourtant bien d’autres métiers, ont des contacts humains directs avec le public : un instituteur et ses élèves, un conseiller de Pôle Emploi qui accompagne le parcours de plusieurs personnes, les travailleurs du domaine social qui œuvrent quotidiennement sur les chemins de la réinsertion… les exemples ne manquent pas. En quoi l’aide-soignant(e), l’infirmier(e), le (la) médecin qui part tous les jours travailler (parfois très tôt), qui vit comme tout un chacun ses propres difficultés avec certains collègues ou bien son employeur…. devrait-il percevoir son emploi comme « différent » de celui qu’aucun autre? A-t ’il une responsabilité plus grande qui pourrait-être jugée plus sévèrement ?

Il est vrai que l’on peut tenter de dégager des « spécificités » des emplois dans la santé : la confidence qui contractualisée par « le secret », mais qui est indispensable face au corps nu, déformé, meurtri, aux histoires personnelles chaotiques, aux familles déchirées… La confiance pour accepter d’être aidé dans sa dépendance et de recevoir des soins qu’ils soient physiques ou psychologiques. L’indispensable humilité du personnel soignant face au patient qui prend la voie de la guérison quand d’autres nous échappent, face à celui qui remercie, quand finalement nous ne faisons « que » notre métier.

En cette semaine de la pastorale de la santé puissions-nous tous nous laisser interpeller par nos frères en souffrance, car c’est à eux que s’identifie le Christ : « J’étais malade et vous m’avez visité » (Matthieu 25, 36). Porteur de la même humanité, « nous sommes le corps du Christ et chacun de nous est un membre de ce corps ». Si les métiers de la santé sont au contact quotidien avec les malades, la routine ne doit pas amoindrir notre sensibilité à rester à l’écoute face à la souffrance et aux angoisses exprimées, comme tout un chacun qui fait un « autre métier », voit dans son prochain un frère.

Philippe Carassou

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