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Chacun sa place !

Dans les dîners, j’aime être placé. Je me dis qu’on a réfléchi à la place qu’on m’attribue, et que dans ces conditions c’est forcément la bonne. Dans les cas où il faut se placer soi-même, au restaurant par exemple, je ne m’installe pas avec la même confiance : trop aléatoire, trop incertain.

La vie est un peu à l’image d’un grand repas. Autrefois votre place était marquée : le fils de l’horloger devenait horloger, et épousait la fille du graveur. Les jeunes époux allaient vivre dans la maison familiale avant de se trouver un appartement voisin. Leur vie entière se déroulerait dans le même quartier, au milieu des mêmes gens. Aujourd’hui la place est à choisir ; aucune n’est réservée. Le même fils d’horloger devient, s’il le veut, chercheur en biochimie, officier de gendarmerie ou kinésithérapeute. Il peut changer de région, et même de continent. Il peut épouser la fille du marquis, et même vivre avec elle sans l’épouser. Et depuis quelques années, il peut devenir « elle ». Une telle liberté de choix a de quoi donner le vertige. La vie d’avant était-elle pour autant plus facile ? Rendait-elle plus heureux ? Rien n’est moins sûr. Mais un jeune qui en 2017 se dit qu’il peut virtuellement tout faire et tout être, pourra se sentir désemparé devant des choix dont il craindra de devoir assumer seul les conséquences.

Les invités à la noce avaient chacun leur place. Mais ils ne le savaient pas. Aussi ne sont-ils pas venus. A l’inverse, ils sont restés là où leur présence n’était pas nécessaire. Le drame de l’homme est peut-être là : ne pas entendre l’invitation qui lui est faite de gagner la place qui lui est réservée, et d’occuper pendant sa vie une place qui ne lui convient pas. Et ce n’est pas seulement affaire de convenance personnelle, mais d’ordre du monde…ou de plan de table !

Nicolas Brucker

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