Hettange-Grande Notre Dame de l’Espérance

« LE PAPE QUI PREFERE LES RIVAGES »

Bari et Florence, Marseille fut la troisième ville à accueillir les « Rencontres
méditerranéennes » du 17 au 24 septembre dernier. A l’initiative des évêques du
pourtour méditerranéen, ces Rencontres ont permis, cette année encore, à 140
évêques catholiques et 70 jeunes de toutes confessions, issus des cinq rives de la
Méditerranée de se retrouver, de partager leurs expériences et de réfléchir ensemble à
des solutions communes aux fractures qui minent les rives de la Méditerranée afin
de « construire une même espérance » dans les domaines qui présentent aujourd’hui
des défis majeurs : le défi environnemental, la question migratoire, les disparités
économiques et les tensions géopolitiques et religieuses.
En acceptant l’invitation du Cardinal-Archevêque de Marseille, Mgr Aveline, le Pape
François aura fait couler beaucoup d’encre… car ce second voyage sur le territoire
français (après le Parlement européen à Strasbourg en 2014) a d’abord été présenté
par le Saint-Siège comme une visite… « à Marseille » et non pas « en France ». Cela
avait déjà été le cas en 2014. D’où l’interrogation de beaucoup : le pape François
n’aimerait-il pas la France ? Dans l’avion qui le ramenait des JMJ en août dernier, le
Saint-Père avait répondu à un journaliste : « Je n’ai rien contre la France ! … C’est une
politique… Je visite les petits pays européens. Les grands, je les laisse pour après ». C’est
qu’il y a peut-être à regarder plus loin, plus haut…
Car, il n’y a certainement rien d’anodin à ce choix de se rendre à Marseille, comme il
l’avait fait à Lampedusa et à Lesbos. D’ailleurs, que ces villes se trouvent en France, en
Italie ou en Grèce lui importer peu. Loin de s’enfermer dans quelconque frontière, le
Saint-Père semble préférer les rivages. Les mers et les océans relient les pays et les
continents et ne les enferment pas. Au-delà de toute frontière, c’est comme si le Pape
était venu nous rappeler notre appartenance à une Humanité commune !
Suivant inlassablement sa ligne de conduite « d’aller aux périphéries », il nous a en
quelque sorte tous invité à le suivre à Marseille, à nous déplacer nous aussi, à regarder,
à tendre l’oreille et à entendre les cris qui jaillissent de ce berceau de civilisation qu’est
la Méditerranée… « et un berceau, c’est la vie : on ne peut tolérer qu’elle devienne un
tombeau, ni un lieu de conflit » ! a-t-il insisté ! Reste qu’il n’est pourtant pas toujours
facile de le suivre !
« J’espère avoir le courage de dire tout ce que je veux dire », avait dit le Pape en
s’envolant vers Marseille. Si l’on a écouté, on ne peut que constater la radicalité de son
discours qui invite à voir dans l’étranger un frère et une chance avant d’être un
problème ! Condamnant la peur et l’indifférence, le pape invite l’Europe à la solidarité,
à retrouver « passion et enthousiasme » ! Serons-nous du voyage ?

Abbé Mathieu +