Prier au quotidien

Lecture biblique

Évangile : « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 52-59)

Acclamation : (Jn 6, 56) Alléluia. Alléluia. Qui mange ma chair et boit mon…

Homélies

Homélie du 2e dimanche de l’Avent

On ne sait pas quelle est cette parole qui vint sur Jean dans le désert. Rien d’extraordinaire, rien de sensationnel.

La parole de Dieu ne fait pas de bruit. Pourtant, nous aimerions bien y avoir un accès direct, l’entendre de façon claire et évidente.

Et il ne manque pas de gens qui prétendent savoir ce que Dieu dit, comme s’ils étaient en direct avec lui. Gourous de toutes religions qui décrètent : « Dieu a dit ceci ou cela… ». Il ne manque pas de chrétiens pour confondre la parole de Dieu avec la parole d’un prêtre ou avec leur propre parole. L’évangile d’aujourd’hui nous le redit : Nul ne peut prétendre mettre la main sur la parole de Dieu, ni les gens importants, ni les grands-prêtres, ni aucun d’entre nous. Elle ne se fait pas entendre là où on l’attend. Elle se fait entendre au désert !

Elle murmure dans le silence, dans cet espace libre et vidé de tout encombrement, de toute agitation. Plutôt que de traduire : « la parole de Dieu fut adressée à Jean », le texte original, plus concis et plus fort, traduit littéralement : « la parole de Dieu fut sur Jean, elle lui tombe dessus ». Et aussitôt Jean se met à parcourir toute la région du Jourdain pour « proclamer un baptême de conversion pour le pardon des péchés ».

Le texte de Luc parle d’un « baptême de conversion ». L’eau versée sur nous n’a pas d’effet magique. Dieu lui-même ne peut transformer notre vie, il ne peut nous pardonner sans nous. Dieu n’est pas un magicien qui ferait de nous des saints d’un coup de baguette magique ou à travers quelque geste sacramentel. « Conversion ! » proclame Jean Baptiste.

Se convertir, c’est se tourner, se retourner pour apercevoir l’autre, pour être avec lui… Avec… Dieu. Se convertir, c’est renversant !

Dans ce passage d’évangile, la seule chose que l’on sait de la parole de Dieu, c’est l’effet qu’elle produit sur Jean : elle le met en mouvement. Eh bien, Jean nous adresse le même message : A l’appel de Dieu, remuez-vous ! Jean précise ce que nous avons à faire : il s’agit de préparer le chemin du Seigneur. Les précisions qu’il donne viennent des textes prophétiques d’Isaïe et Baruch, textes poétiques pleins d’images qui résonnent comme le programme d’une entreprise de travaux publics : aplanir la route, combler les ravins, abaisser les collines, redresser les chemins tortueux.

Tout cela est fort joli, mais concrètement, c’est quoi ? Que devons-nous faire ? Ce sera la question que poseront à Jean ses auditeurs dans la suite du texte de Luc : on l’entendra dimanche prochain.

Pour l’instant, à travers ces images poétiques, à chacun d’essayer de percevoir la parole de Dieu dans le silence du désert.

Sans oublier que cette parole surgit là même où on ne l’attend pas.

Le sujet de la longue première phrase de cet évangile, c’est « la Parole de Dieu ». C’est elle, la Parole, qui est l’acteur principal de cette histoire. C’est Dieu qui a l’initiative. Et cette parole va prendre un visage d’homme, le visage de Jésus. Quelques semaines plus tard, Jésus se trouvera un jour de sabbat dans la synagogue de Nazareth. Il fera la lecture prophétique d’Isaïe chapitre 61, qui est une bonne nouvelle de libération pour tous les pauvres de la terre, et il conclura par ces mots : « C’est aujourd’hui que cette écriture s’accomplit. »

Et cet « Aujourd’hui », Jean-Baptiste l’annonçait par une image : tracer une route dans le désert, ravins comblés, montagnes rasées, chemins sinueux redressés, bref tout ce qui peut favoriser la rencontre, la communication, dans ce « désert moderne » où nous vivons. Cette communication entre les humains est la condition nécessaire pour une vraie rencontre avec Celui qui vient. Pas besoin pour cela de gens illustres et haut placés. Les Jean-Baptiste d’aujourd’hui seront, comme lui, des êtres humbles et transparents.

Quand on lui demande qui il est, il dit, simplement, qu’il est une voix qui crie dans le désert, la voix d’un Autre.

La Parole de Dieu passe et parle par lui. Puis il disparaît devant Celui qu’il annonce.

Chacun de nous est Jean Baptiste dès lors que nous renonçons à attirer le regard des autres sur nous-mêmes, pour l’orienter vers Celui qui vient.

Dans ces textes, il est beaucoup question de routes. Le chrétien ne peut pas être installé. Nous sommes toujours dans l’attente, toujours en marche. A chacun de nous de combler les fossés, d’aplanir les montagnes d’indifférence, de mépris, et de redresser nos esprits passablement tordus. Ainsi, nous serons témoins du véritable chemin, de la Vérité et de la Vie qui a un nom et un visage : Jésus, le Christ.

 

Père Vincent


Textes spirituels

Dans l’incertitude, croire en la Providence

A tout seigneur tout honneur. Le premier texte que nous publions dans cette rubrique spirituelle est de Frédéric Ozanam, patron de notre Communauté de Paroisses. Régalez-vous, c’est une douceur spirituelle pour ces temps troublés.

Dans l’incertitude, croire en la Providence

Veuillons tout ce que Dieu veut, même l’incertitude. L’incertitude est précisément l’épreuve où il se plaît à nous mettre pour reconnaître notre confiance en Lui. Il a fait la vie incertaine, et la mort, et même la vertu. Nous voudrions être assurés de nos revenus de l’année prochaine, et nous ne le sommes pas du soleil de demain. Nous tenons à pouvoir compter sur la fortune et nous ne pouvons pas nous garantir huit jours de santé. En nous retirant les appuis humains, la Providence nous fait mieux sentir qu’elle se charge de nous. C’est comme une mère qui ôte à son enfant la chaise où il était assis, mais c’est pour le prendre dans ses bras.

Lettre à son épouse Amélie du 27 juillet 1844


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