Homélie du 29e dimanche du temps ordinaire

Frères et sœurs, en ce 29e dimanche du temps ordinaire, je nous invite à relire les chapitres 3 et 4 du livre de la genèse. Les péchés d’Adam et de Caïn sont les péchés primordiaux qui guettent tout un chacun. Désir de grandeur, soif de domination, ivresse du pouvoir, jalousie maladive, rivalité mesquine, envie dévorante. Voilà ce qui était dans le cœur d’Adam et de Caïn. Voilà aussi ce qui a habité le cœur des disciples de Jésus. Et c’est également ce qui habite notre cœur, 2000 ans après. Pourtant le Seigneur Jésus nous invite à prendre une toute autre route : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous »

Ce chemin d’humilité, de douceur, d’abnégation, de modestie, de dévouement nous est clairement décrit dans la première lecture tirée du Livre d’Isaïe. La parole de Dieu nous parle du serviteur souffrant : « Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. » Il ne s’agit pas de faire l’apologie de la souffrance mais bien de justifier l’amour de son prochain par le service. Se faire serviteur par amour. C’est très exactement l’attitude du serviteur souffrant chez Isaïe qui accepte de se chargés du péchés des autres et par conséquent d’en assumer les souffrances qui en dépendent. Mais qui est-il ce serviteur souffrant qui donne sa vie pour le monde ?

Il s’agit bien évidemment de Jésus-Christ comme nous l’explique la lettre aux Hébreux. Le Christ est celui qui a sacrifié son rang, sa divinité pour devenir l’un d’entre nous et ainsi sauver l’humanité. Il est le grand prêtre qui s’offre lui-même au lieu d’offrir des animaux : « en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence (…) ; un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance (…). Avançons-nous donc (…) pour obtenir miséricorde et recevoir, (…) la grâce de son secours. »

Alors la question qui nous est posée aujourd’hui est la même que celle que Jésus adresse à Jacques et Jean : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Autrement dit, sommes-nous prêt à prendre la route difficile du sacrifice ? Sacrifice de nos conforts ? Sacrifice de nos tranquillités ? Sacrifice de notre orgueil afin de devenir de simple serviteur ? Car le Royaume de Dieu que Jésus-Christ nous propose est un royaume de service, de compassion, de pardon et d’amour. Il ne s’agit pas de chercher les honneurs en rendant tels ou tels services. Il ne s’agit pas non plus de se faire mousser en disant « moi je fais ceci ou cela ». « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. » recommandait Jésus. Au contraire, que nous soyons évêques, prêtres ou laïcs, une seule règle doit guider notre attitude : le service humble et fraternel. C’est donc le moment de s’interroger sur notre investissement dans la communauté et notre manière de rendre service. Prenons exemple sur le maitre au soir du jeudi saint : il « se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. » Le seul vêtement liturgique que Jésus porte est celui du tablier, c’est-à-dire le vêtement du serviteur. Oui, lui le maître se fait serviteur. Et c’est ce chemin que nous sommes appelés à prendre. Par conséquent, notre seul désir, notre seule ambition devrait être celle de ressembler à Jésus. Que notre vie soit conforme à la sienne. Et cela ne peut se faire que si nous nous oublions nous-mêmes. Quand nous nous mettons au service les uns des autres, sans compter nos souffrances, nos peines, alors nous devenons les vrais disciples de Jésus.

En célébrant cette Eucharistie, nous demandons au Seigneur qu’il nous guide sur le chemin d’une vraie conversion ; qu’il nous donne force et courage pour chercher non à être servi mais à servir.

Père Tristan

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