Accueil régional du partenaire du CCFD-Terre Solidaire

Samedi 18 mars 2023, soixante-dix personnes se sont retrouvées à Courcelles-sur-Nied pour croiser leurs regards autour du thème Pour une terre solidaire et vivante.

Dans la première partie de la journée, Claude Leidelinger a présenté Valor’Emm, société d’économie sociale et solidaire, émanant d’Emmaüs Forbach. Cette structure a pour objectif l’insertion professionnelle et la valorisation des objets jetés, soit par la remise en état, soit par un recyclage adapté.

Dans un second temps, Ricardo Morinigo, de l’association Tierra Viva a présenté la situation du Paraguay : population très métissée dont 2 % se reconnaissent comme indigènes, une dictature de 1954 à 1989 qui s’arroge les terre et les vend à des investisseurs étrangers notamment européens, puis une nouvelle constitution qui reconnaît le droit aux indigènes de récupérer leur terre. C’est à ce moment que naît Tierra Viva, soutenue par des églises chrétiennes européennes pour former et accompagner les peuples dans cette réappropriation des terres. Un long chemin commence alors. Il est semé d’oppositions, de procédures et de lourdes démarches qui ont pu aller jusqu’à la Cour interaméricaine des droits humains. Elles ont pu durer dans certains cas 50 ans mais avec de belles victoires. À ce jour 165 000 hectares ont pu être rendus à différentes communautés indigènes. Ces terres ne peuvent plus être ni louées, ni vendues, ni hypothéquées. Elles appartiennent à une communauté ayant le statut de personne morale.

Un temps spirituel a clos la matinée avec la lettre de saint Paul aux Éphésiens (5, 8-14) : en quoi le CCFD-Terre Solidaire peut-il être lumière du monde ? Qu’avons- nous à démasquer ?

Le Notre Père a été prié en espagnol et, en français, entrecoupé de méditations.

Pour rester dans le thème de la solidarité, de la production locale, ce sont « Les Mets Fermiers » de Montois-Flanville qui avaient préparé le repas. « Les copains de JF » ont accompagnés les participants en musique dès le matin. Merci à eux.

L’après-midi, une table ronde était animée par Jean Vettraino, directeur de la mobilisation citoyenne au CCFD-Terre Solidaire. Patrice Dosdat, agriculteur proche de la retraite, a parlé de la configuration territoriale de son exploitation et des questions qui se posent lors de la transmission des terres. Estelle Pochat, vice-présidente de la Chambre d’agriculture de le Moselle, a posé la problématique du renouvellement des agriculteurs et a présenté la Commission départementale d’orientation de l’agriculture (CDOA) qui a pour objectif de préserver le foncier fermier et de limiter l’augmentation de la taille des exploitations. Luc Muller, agriculteur bio, membre de la Confédération paysanne, a exposé le rôle de supervision des syndicats agricoles dans cette CDOA et notamment la veille à ce que le bio ait un moyen de s’installer. Il a aussi souligné le rôle de la formation porté par les Association régionale pour le développement de l’emploi agricole et rural (ARDEAR), issues de la Confédération paysanne. Ricardi Morinigo a développé son exposé du matin en soulignant le fort exode rural des petits propriétaires terriens qui subissent les pressions des grands groupes multinationaux. Pour mémoire, le Paraguay est le quatrième pays exportateur de soja, notamment pour l’élevage en Europe. Il est aussi très réputé pour sa production de viande bovine. Au Paraguay, chaque vache dispose d’un hectare de terre.

Quelques phrases clés de la discussion qui a suivi :

Ricardo : « À qui appartient la terre ? Qu’est-ce qu’on en fait ? La terre est là pour nous nourrir, mais on ne mange pas le soja. Il faut arrêter de produire de la richesse à tout prix, revenir aux techniques ancestrales qui ont protégé la terre pendant des millénaires et promouvoir une agriculture vivrière. »
Luc : « Quelle agriculture, quels paysages, quelle ruralité, quelle alimentation voulons-nous ? L’alimentation est l’entrée la plus intéressante pour parler de l’agriculture. Il en va de la responsabilité des pays occidentaux et aussi des consommateurs, et tellement d’autres choses, trop longues à développer dans un article mais tout aussi intéressantes.« 

Le dimanche, Ricardo a pu participer et intervenir à la messe à Marieulles puis échanger avec des membres du mouvement Chrétiens en monde rural (CMR). L’après-midi, il est intervenu pour une présentation à Fameck. Lundi, il a visité une ferme qui se lance dans la méthanisation avant de partir en Meuse où il a rencontré le président de Solidarités paysans.

Vous pouvez suivre son parcours en Lorraine sur la page Facebook du CCFD-Terre Solidaire Lorraine avec des rendez-vous très intéressants et notamment une autre table ronde à Toul, le samedi 25 mars 2023, à 15h, salle paroissiale Rigny : https://www.facebook.com/CCFDTerreSolidaireLorraine

Partager