Triduum pascal 2021 à la cathédrale de Metz

Contrairement à l’année passée, le Triduum pascal a pu cette année se vivre à la cathédrale Saint-Étienne avec des aménagements liés à la crise sanitaire, notamment la suppression des offices en soirée et de la veillée pascale. Ce fut toutefois une chance et une joie de pouvoir vivre ensemble ces jours saints, cœur de notre foi.

 

Jeudi saint

Jeudi 1er avril 2021, Mgr Lagleize a présidé l’office du Jeudi saint, de la sainte Cène, à la cathédrale Saint-Étienne, entouré des vicaires généraux et des chanoines du Chapitre cathédral. C’est Mgr Jean-Pierre Vuillemin, évêque auxiliaire, qui a donné l’homélie.

Au moment du Gloria, les cloches ont sonné pour la dernière fois avant le jour de Pâques. La tradition veut que l’on remplace alors les cloches par des crécelles. Cet office permet surtout de faire mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples, durant lequel il a institué l’eucharistie. C’est également la fête des prêtres.

Dans son homélie, Mgr Jean-Pierre Vuillemin a médité à partir de l’évangile du lavement des pieds en saint Jean : “Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres : c’est un exempleAinsi refaire ce que Jésus a fait, ce n’est pas seulement prendre du pain et du vin et redire ses paroles. Refaire ce que Jésus a fait, c’est donner notre vie en nourriture, comme il a donné la sienne. À chaque fois que nous participons à l’eucharistie, nous entrons dans ce mouvement de don et d’abandon de nous-mêmes. L’eucharistie nous purifie de tout repli sur nous-mêmes et de tout péché. Il y a plusieurs manière de donner nos vies : cela se vit à travers tous nos engagements, nos lieux de service, mais c’est d’abord en ouvrant nos vies à la présence de Dieu, à son action sanctificatrice.

Devant les épreuves des temps à venir, il va falloir tenir tous ensemble. Formerons-nous un corps disloqué ou uni face aux contraintes, aux difficultés personnelles ou collectives ? Notre foi au Christ serviteur nous amène à affirmer que nous ne perdons rien quand nous donnons notre vie. Jésus a donné sa vie et il la reçoit de son Père. Nous fêterons le Christ ressuscité ce dimanche. Il est au cœur de chacune de nos eucharisties, il est le grand prêtre par excellence, qui en se donnant en nourriture, signifie que Dieu est au service de l’humanité toute entière. Il est heureux que nous puissions encore nous réunir pour lire la Parole et recevoir l’eucharistie, dont nous tirons lumière et force, dont nous recevons les grâces pour être sanctifié et pour avancer malgré les nombreux obstacles qui sont devant nous. Nous avons  à avancer ensemble.

Ainsi faire mémoire du Christ, c’est aimer à la manière dont il nous aime. […] Puissions-nous joindre le geste à nos paroles de foi, pour qu’elles ne soient pas reçues comme des paroles naïves, mais des paroles qui nous engagent dans la course de ceux qui recherchent la gloire de l’homme sauvé. C’est à cette condition que nous entrons vraiment en ressemblance avec Dieu. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Cette pandémie, vécue dans la foi au Christ, doit nous stimuler dans notre course pour vivre ici et maintenant dans la dynamique pascale, une dynamique de don de nous-mêmes plus forte que la mort, une dynamique d’espérance plus forte que l’angoisse, une dynamique de partage plus forte que le repli, une dynamique de foi plus forte que le scepticisme ambiant. Amen »

À la fin de la messe, la réserve eucharistique a été portée en procession au reposoir, en souvenir du Christ qui va entrer dans la nuit de sa Passion au jardin des oliviers. Cette année, il est impossible d’organiser des temps d’adoration collective. Chacun a donc été renvoyé pour le vivre dans son foyer… mais uni dans la prière.

 

Vendredi saint

Vendredi 2 avril 2021, trois offices ont été célébrés à la cathédrale Saint-Étienne de Metz. À 9h, le Chapitre cathédrale a célébré l’office de tierce. À 10h, ce fut la méditation du Chemin de croix. Enfin, à 15h, sous la présidence de Mgr Jean-Christophe Lagleize, a eu lieu l’office de la Passion.

Chemin de croix

Les conditions sanitaires ne permettant pas de rassemblement pour vivre un Chemin de croix à l’extérieur, le choix a été fait de proposer la méditation des quatorze stations à l’intérieur de la cathédrale. Celle-ci était présidée par l’archiprêtre de Metz-cathédrale, l’abbé Dominique Thiry, accompagné par les chants de la Maîtrise et l’organiste titulaire, Thierry Ferré.

Office de la Passion

À 15h, ce fut au tour de l’office de la Passion d’être célébré dans la cathédrale, avec les lectures, dont celle de la Passion du Seigneur en l’évangile de saint Jean. Après celle-ci, la liturgie catholique prévoit une grande prière universelle, avec dix intentions.

Ce fut ensuite le rite de l’adoration et de la vénération de la croix, apportée en procession du fond de la cathédrale jusqu’à l’autel par le diacre officiant, Alain Obrecht. L’évêque, les ministres accompagnants et les servants d’autel sont venus s’incliner devant la croix, avant le temps de la communion.

À l’issue de la communion, les ministres et la foule se sont retirés dans l’attente de la Résurrection qui cette année ne sera pas fêtée durant la veillée pascale, dans la nuit de samedi à dimanche.

 

Samedi saint

Covid oblige, pas de veillée pascale cette année. Un office des vigiles du Samedi saint a été célébré à la cathédrale Saint-Étienne de Metz par Mgr Jean-Christophe Lagleize, accompagné de son auxiliaire, Mgr Jean-Pierre Vuillemin et du Chapitre cathédral.

L’office a permis d’entendre les lectures des vigiles du Samedi saint, entrecoupées par les psaumes et les répons, ainsi qu’un bref extrait de l’évangile de saint Marc, rapportant l’attente des femmes au calvaire et le dépôt du corps de Jésus au tombeau par Joseph d’Arimathie.

Mgr Lagleize a donné un bref commentaire à cette parole de Dieu : « Le contexte sanitaire nous donne l’avantage de vivre le Samedi saint. D’habitude, nous sommes réunis pour le Vendredi saint, puis tout le monde attend la veillée pascale et le jour de Pâques. Le Samedi saint passe inaperçu. Or, c’est le jour où l’on observe. Ce terme est utilisé à plusieurs reprises : il regardait où on l’avait mis. Comme Luc le rapporte pour la Vierge Marie, on pourrait considérer aussi le Samedi saint comme le moment où l’on médite « tous ces évènements dans son cœur ». Le Samedi saint est le jour où nous sommes invités à méditer la vie de Jésus, sa Passion et sa mort. Le Samedi saint, c’est aussi le jour du grand silence, comme dans nos familles, quand l’un des nôtres meurt. Nous méditons tout ce que nous avons vécu avec le défunt, et nous restons là silencieux, sans parole. Nous chrétiens, nous savons ce qu’il s’est passé. Nous savons qu’au matin de Pâques, il est apparu. Il y a cette tension intérieure pour célébrer dans la joie et l’allégresse la résurrection du Seigneur. Cette attente et cette joie rejoignent ce que vivent en ce moment les catéchumènes du monde entier : ils attendent ce moment où ils vont être baptisés, confirmés et recevoir pour la première fois l’eucharistie. Avons-nous, frères et sœurs autant d’impatience et de joie au fond du cœur, nous qui allons communier demain au corps et au sang de Jésus ressuscité ? Amen »

 

Dimanche de Pâques

En ce jour de Pâques 2021, devant une foule très nombreuse, Mgr Jean-Christophe Lagleize, a présidé la messe de Pâques. En l’absence de veillée pascale pour cause de couvre-feu, de nombreux catholiques ont souhaité fêté la résurrection en participant à la messe du jour.

Contrairement à l’habitude, ce n’est pas la croix qui a ouvert la procession de cette messe de Pâques, mais le Cierge pascal, représentant le Christ ressuscité. Il fut apporté solennellement avec trois acclamations, avant que les célébrants ne viennent dans le chœur. Avant le rite de l’aspersion, l’évêque a béni l’eau baptismale, qu’il a ensuite répandu sur tous les fidèles présents.

La liturgie de la Parole permis d’entendre la catéchèse de Pierre à Césarée dans les Actes des Apôtres et l’exhortation de Paul aux Colossiens invitant les croyants à rechercher les réalités d’en haut. La Maîtrise de la cathédrale chanta ensuite la séquence « A la victime pascale« , avant l’Alleluia et la proclamation de l’évangile de saint Jean du récit de la visite des femmes au tombeau.

Mgr Lagleize donna ensuite l’homélie suivante : « Lumière du Christ, nous rendons grâce à Dieu ! » Par trois fois, cette acclamation a ponctué l’avancée du cierge pascal parmi nous.

Lumière du Christ, ce cierge pascal est le symbole que le Christ est vivant au milieu de nous, que le Christ est la lumière du monde qui éclaire notre route. D’ailleurs, au jour de notre baptême, il a été remis à nos parrain et marraine un cierge allumé au cierge pascal et ces paroles ont été prononcées :
« Recevez la lumière du Christ, c’est à vous, parents, parrain et marraine, que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir que N., illuminé(e) par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême. Ainsi, quand le Seigneur viendra, N. pourra aller à sa rencontre dans son Royaume, avec tous les saints du ciel ». Frères et sœurs, au matin de la résurrection, la lumière éclaire Jérusalem, resplendit sur les anges présents au tombeau vide, illumine Marie-Madeleine, surprend les disciples.

La lumière pascale illumine, réchauffe, rassure, transfigure l’humanité jusqu’au retour du Christ Vivant, hier, aujourd’hui et demain, et pour toujours. Alors que depuis un an, nous vivons plus ou moins difficilement ce qui nous est imposé, il est souhaitable de revenir à l’essentiel.

Pour qui et pour quoi vivons-nous ? En qui, en quoi ai-je confiance ? Quelle est mon espérance ?

Chers amis, en ces mois, il nous faut demander la grâce de l’espérance. Non seulement une espérance pour soi-même, mais également pour toute l’humanité et pour toute la création. Car la résurrection du Christ vient déjà transfigurer chaque personne, toute l’humanité et l’ensemble de la création, dans l’espérance des cieux nouveaux et de la terre nouvelle.

Nous ne devons pas nous tromper d’objectif, l’espérance n’est pas dans la science (notre espoir, oui), l’espérance a pour objectif l’amour. C’est l’amour qui est le moteur et le carburant de notre existence. Le Seigneur Jésus, quelques heures avant sa passion, dira à ses disciples : « Je vous appelle mes amis » et au matin de Pâques, il dira : « Allez dire à mes frères » (Mt 28, 10).

Notre espérance est la vie. Benoît XVI, dans son Encyclique « Sauvés dans l’Espérance », écrit : « La vie dans le sens véritable, on ne l’a pas en soi, de soi tout seul, et pas même seulement par soi : elle est une relation. Et la vie dans sa totalité est relation avec Celui qui est la source de la vie. Si nous ne sommes pas en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est lui-même la Vie et l’Amour, alors nous sommes dans la vie. Alors ‘nous vivons’ » (n° 27).

Notre espérance est Jésus Christ Ressuscité. L’apôtre Paul le proclame : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (1 Co 15, 17). Frères et sœurs, si le Christ est vivant : « alors il pourra être présent dans ta vie, à chaque moment, pour la remplir de lumière. Il n’y aura ainsi plus jamais de solitude ni d’abandon. Même si tous s’en vont, lui sera là, comme il l’a promis : ‘Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde’ (Mt 28, 20). Il remplit tout de sa présence invisible, où que tu ailles, il t’attendra. Car il n’est pas seulement venu, mais il vient et continuera à venir chaque jour pour t’inviter à marcher vers un horizon toujours nouveau » (Pape François, Il vit, le Christ, n° 125). Amen. Alléluia !

Le Credo fut proposé sous forme de dialogue comme il est de coutume lors de la veillée pascale. Puis ce fut le temps de la prière universelle et de la liturgie eucharistique.

A la fin de la messe, l’assemblée a reçu la bénédiction solennelle de Pâques, avant que la Maîtrise ne fasse résonner dans les voûtes de la cathédrale le joyeux Alleluia, extrait de l’oratorio du Messie de Haendel.

Christ est ressuscité, joyeuses Pâques !

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