Peut-on tout pardonner ?

Alors que les catholiques viennent d’entrer dans le temps du carêmeÉglise de Metz a choisi de consacrer son dossier du mois à la réconciliation, signe de l’amour infini de Dieu. Vous y trouverez un texte biblique sur les thèmes du pardon et de la réconciliation, des articles des abbés Didier Schweitzer et Loïc Bonisoli, ainsi qu’un texte de réflexion de l’abbé Gilles Fund, membre de l’équipe d’aumônerie de la prison de Metz-Queuleu, dont voici un extrait :

Peut-on tout pardonner ?

Le pardon n’est jamais une mince affaire. Il n’y a guère que dans les contes pour enfants de la marquise de Sévigné qu’on pardonne comme on embrasse et encore peut-on douter de ce qui se cache derrière ! Notre expérience d’aumôniers de prison nous apprend tout autre chose. Tout d’abord que chaque histoire d’offense est particulière : elle est vécue différemment selon la gravité des faits eux-mêmes, selon la publicité qu’on leur donne, et selon le vécu et la culture sociale et religieuse des protagonistes.

En prison

Nous vivons, à la prison, des situations très différentes selon que le délit est jugé réparable (vol, escroquerie, délit routier, dommage financier…) ou jugé comme une atteinte à la personne et à son intégrité (meurtre, assassinat, viol, crime sexuel, pédocriminalité). La question du pardon se pose donc différemment selon le ressenti des auteurs de crimes ou de délits, de leurs compagnons de prison, du personnel pénitentiaire et bien sûr des victimes. Elle est très souvent posée aux membres de notre équipe qui joue un peu le rôle d’expert en raison du caractère qu’on lui prête de spécialiste en questions de morale et d’éthique. Nous sommes très conscients de cette difficulté et c’est un sujet de formation et de réflexion tout au long de notre parcours d’aumôniers.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser quand on est extérieur au monde de la prison, les procureurs et les juges ne se trouvent pas seulement au prétoire mais à l’intérieur même des établissements pénitentiaires où chacune juge l’autre et souvent avec plus de sévérité qu’au tribunal. C’est la vieille histoire de la paille et de la poutre dans mon œil ou dans celui du voisin. De plus, la clémence pardonnante n’est pas souvent de mise. Certaines personnes détenues vivent une véritable double peine à cause des actes qu’elles ont commis et peuvent être l’objet d’une implacable persécution de la part de leurs voisin(e)s de cellule voire même de leurs surveillants. Elles sont alors victimes en plus de leur emprisonnement, de regards, de paroles ou d’actes de malveillance censés être l’exécution d’une sorte de justice immanente. Une première réponse à la question posée dans l’ambiance générale du monde des prisons serait donc : non, en milieu carcéral, tout n’est pas pardonnable ni pardonné et nous portons aussi cette blessure… on ne peut pas tout pardonner […]

Pour lire la suite de l’article abonnez-vous à la revue.

Voici également un lien pour découvrir notre supplément Carême à domicile.

Partager