Sauve qui peut ! Comment annoncer le salut aujourd’hui ?

Lundi 8 et mardi 9 octobre 2018, les acteurs pastoraux du diocèse de Metz (prêtres, diacres et laïcs en mission) vivent leurs journées de rentrée autour d’un thème de travail : « Sauve qui peut ! Que devient le salut chrétien ? Comment l’annoncer aujourd’hui ? » à l’Institution de la Salle à Metz. Ils sont accompagnés par le théologien lillois Jean-Luc Blaquart.

Troisième édition de ce rendez-vous de rentrée pour les 200 acteurs pastoraux actifs dans les différentes paroisses, services et associations du diocèse de Metz. Après les enjeux de la pastorale des familles, l’initiation chrétienne, la réflexion porte cette année sur l’annonce du salut chrétien dans un contexte de post-modernité où l’au-delà n’est plus vraiment dans les préoccupations courantes de nos contemporains.

Pour amorcer la réflexion, l’assemblée a pu faire un détour par le salut vu dans le cinéma et la télévision, à travers une intervention illustrée de l’abbé Stéphane Jourdain. Les super-héros sauvent le monde, mais pour, au mieux, le préserver du mal et le laisser tel qu’il est. Aucune promesse d’avenir.

L’abbé Olivier Riboulot, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Bon Secours et curé-archiprêtre de Saint-Avold a donné son témoignage de pasteur, montrant comment les gens sont en attente d’un accompagnement, d’une parole d’espérance mais ne savent pas toujours formuler celle-ci dans le cadre traditionnel de la doctrine chrétienne. Il tente de l’annoncer principalement dans les homélies et l’accompagnement humble des situations de vie des personnes.

L’abbé Robert Scholtus a brossé un rapide tableau de la pensée contemporaine concernant cette question du salut, montrant l’omniprésence du présent qu’il faut habiter intensément, au détriment d’un avenir qui fait peur et qui n’est plus source d’espérance ou de promesse. La notion de salut est obsolète et périmé. L’homme contemporain recherche plus le bien-être et une quête de sens. Cependant ce terme reste pour le moins ambigu, virtuel. « Le sens ne sauve pas ».

Jean-Luc Blaquart, philosophe, théologien, professeur à l’université catholique de Lille, a commencé à exposer ce que peut être le salut dans l’univers de la pensée chrétienne. Il a montré que cette notion est multiforme, dotée d’une conception positive du « sauver pour » d’une acception plus négative du « sauver de ». Le salut est à la fois du côté de la préservation contre le mal, que de celui d’une conversion pour vivre mieux. De plus, il a voulu souligner l’importance du contexte culturel et historique dans lequel on se trouve. Au cours du temps, cette notion de salut évolue dans sa compréhension.

A midi, avant le déjeuner, l’assemblée a pu rejoindre la grande chapelle de l’établissement pour vivre la messe, présidée par Mgr Jean-Christophe Lagleize.

Dans l’après-midi, une table-ronde a permis d’entendre différents exposés : une approche biblique avec Jean-Marie Meyer, le regard du moraliste avec Fabien Faul et le témoignage de l’aumônerie de prison avec Gilles Fund.

Le salut parcourt toute l’histoire biblique avec une révélation qui évolue et permet d’élargir la perspective même du salut. Au départ, le peuple est sauvé de son ennemi, l’Egypte. Puis du temps des prophètes, on perçoit que le mal à combattre est dans l’homme lui-même, par la loi. Enfin, en Jésus, c’est la loi elle-même qui est dépassée par la grâce qui sauve. Le chemin pastoral passe essentiellement par un compagnonnage à partir d’une recherche d’espérance. Cette quête est aussi ce que vivent les équipes d’aumôneries de prison dans le chemin qu’elles vivent avec les personnes détenues qui progressivement passe d’un état de mort à un relèvement pour bâtir un nouveau projet de vie et d’avenir. Cette quête dans le présent est déjà une partie du Règne de Dieu qui est déjà commencé et pas encore totalement advenu.

Ateliers thématiques

Pour la seconde journée, les participants ont pu réfléchir sur la manière de dire et de proposer le salut aujourd’hui. L’assemblée a pu écouter l’exposé du père Vincent Féroldi, directeur du Service national pour les relations avec les musulmans à la Conférence des évêques de France et participer à un atelier thématique. Cinq univers pastoraux étaient proposé : la catéchèse, la diaconie, la prédication et la liturgie, le champ politique, la santé. A partir de ces réalités pastorales, les participants ont cherché quelles conversions et réajustements étaient nécessaire pour pouvoir annoncer le salut à nos contemporains.

A midi, une seconde messe a réuni tous les participants à la chapelle, autour de la célébration de la fête de saint Denis, évêque et martyr.

Dans l’après-midi, des rapporteurs d’ateliers ont fait état des échanges de la matinée, avant un ultime exposé de Jean-Luc Blaquart, essayant de donner quelques repères complémentaires à son apport de la veille.

En conclusion, Mgr Lagleize a remercié tous les acteurs de ces journées, annoncé la tenue du 4ème session l’an prochain les 7 et 8 octobre 2019 et son souhait d’impliquer tout le diocèse dans les festivités de l’année jubilaire de la cathédrale Saint-Etienne.

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