Thionville et Garche : témoignages de migrants

migrant-2017Lors de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, plusieurs migrants ont donné leur témoignage leurs des eucharisties dominicales à Thionville et Garche. Ce fut pour eux l’occasion de faire découvrir leur vécu et de souligner combien les cours de Français leur étaient utiles. Une bénévole aux cours de français langue étrangère a également expliqué pourquoi elle s’était engagée dans ce service. Retrouvez ici les différents témoignages.

Témoignages de migrants

Témoignage de Maina

Je m’appelle Maina. Je viens du Nigeria avec mes 2 filles. Je suis en France, à Thionville, depuis août   2016. Je parle très bien anglais et je veux apprendre le   français. Je vais aux cours de français les mardis et vendredis depuis septembre. J’aime aller en cours. Je rencontre d’autres migrants. Nous  essayons de nous parler en français. L’ambiance est sympathique. A Noël, j’ai été  invitée avec mes  filles dans une famille thionvilloise. Un beau moment. Pour le français, c’était difficile mais les  enfants parlaient anglais. L’année prochaine je veux tout dire en français. J’aimerais rester à Thionville.

Témoignage de Mebarek

Je m’appelle Mebarek. Je suis français d’origine algérienne. Je suis arrivé en France en 1951 pour trouver du travail. J’ai tout de suite travaillé comme terrassier à la Société générale à Sérémange. Il n’y avait pas de cours de français. J’ai appris le français avec les camarades de travail. En Algérie, je n’ai pas appris à lire et à écrire. J’étais berger. Quand ma femme, qui était française et catholique, est décédée en 2015, j’ai rencontré Patricia pour préparer les funérailles. Elle m’a parlé des cours de français. A 82 ans, j’ai voulu apprendre à lire et à écrire. Je vais en cours tous les mardis et les vendredis au presbytère Notre-Dame à Thionville. Marie-Thérèse dit que je travaille sérieusement et que je progresse. Je trouve que je suis très lent. J’ai réussi à écrire mes vœux pour le groupe et à les lire. Je suis très content. Aujourd’hui, les migrants ont de la chance. Ils apprennent le français. C’est sympathique de se rencontrer et de parler plusieurs fois par semaine dans une bonne ambiance.

Témoignage de Salah

Aux environs de Pâques, un groupe de 7 jeunes hommes est venu grossir les rangs de l’une des  « classes » de Français Langue Etrangère au presbytère Notre-Dame à Thionville, aux cours organisés par la Pastorale des Migrants. Ces jeunes hommes sont calmes et polis, ils sont toujours soucieux d’aider à ranger tables et chaises à la fin du cours ou à aller chercher le café pour la pause de 10 heures. Ce qui a frappé les bénévoles, c’était leur tristesse, leur dos courbé comme sous un fardeau, les yeux vers le sol. Au début, il était difficile de communiquer. Avec certains, quelques mots d’anglais et puis peu à peu l’apprentissage du Français. Des lambeaux de phrases sur leur vécu s’échappent de temps en temps et donnent un aperçu de leur misère.

Salah, qui était paysan, est venu du Soudan en guerre. Il dit que son père et sa mère sont morts. « Toutes mes sœurs. Tous mes frères. Les voisins. Plus de village… ». Alors, il est parti vers le Nord. Parcours périlleux pour un Africain noir, dans le chaos de la Libye aux tribus parfois racistes. Il a trouvé des passeurs. Il dit qu’il fallait « beaucoup, beaucoup d’argent ». Ses deux oncles, depuis la Grande Bretagne, l’ont aidé. Un soir, il est monté sur une embarcation. Pendant la traversée de la Méditerranée, le bateau a coulé. Il est l’un des rares survivants. Recueilli, il a été amené à Lampedusa, puis à Rome. Ensuite l’errance vers la frontière française, l’arrivée à Nice. Il a traversé notre pays et s’est retrouvé à Calais, dans l’idée de rejoindre ses oncles. Pendant de longs mois, il a espéré partir en Angleterre.  Salah dit avec des mots simples et rares, la difficulté de vivre à Calais, la violence de certains… et puis, le froid, l’humidité, l’hiver. Il n’en pouvait plus. Mais il n’a pas eu faim grâce au travail des associations présentes…

Quand, on lui a proposé de monter dans un bus, il a finalement accepté, sans vraiment savoir où il partait. Le centre d’Arry en Moselle, venait d’ouvrir ses portes. La commune avait répondu à l’appel au secours des autorités de Calais face à la situation sanitaire et sociale des milliers de migrants entassés dans « la jungle ». 51 hommes seuls sont ainsi arrivés un jour d’octobre 2015 dans la brume lorraine. Fatigués par les heures de route, ils ont été accueillis par Monsieur le Préfet Nacer Meddah et des volontaires de Médecins du Monde.

Salah a séjourné à Arry pendant plusieurs semaines. Cette parenthèse de calme et de repos lui a permis de souffler un peu après son long périple. Des travailleurs sociaux ont aidé les réfugiés dans leurs démarches administratives. Fin décembre, la préfecture a décidé de rapprocher le groupe, de ses services qui examinaient, à Metz, leur demande d’asile. En Avril, sa demande d’asile acceptée, il a été redirigé avec d’autres compatriotes, dans un foyer près de Thionville : foyer ADOMA de Hayange- Marspich.

Il n’a plus l’espoir de rejoindre sa famille en Grande-Bretagne. Intelligent et très motivé, il fait de gros efforts pour apprendre le Français et pour trouver du travail afin de se donner un avenir dans notre pays.

Parole de bénévole

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