Messe diocésaine pour les défunts à Saint-Avold

Le dimanche 16 août 2020, Mgr Lagleize avait donné rendez-vous aux familles endeuillées durant le confinement, alors qu’il était impossible de vivre des célébrations de funérailles dans les églises. Même si beaucoup de paroisses ont déjà organisé des temps de prière au moment du déconfinement, l’évêque a souhaité confié à Marie, Notre-Dame de Bon-Secours qui est vénéré au sanctuaire de Saint-Avold, toutes les personnes défuntes de Moselle.

Pour faciliter l’accueil des familles, dans les respects des gestes barrière, la célébration ne fut pas organisée dans la basilique Notre-Dame, mais dans la plus vaste abbatiale Saint-Nabor, où la statue de Notre-Dame fut déplacée pour l’occasion.

Grâce à la mobilisation des chrétiens de la communauté de paroisses, mais aussi des médias diocésains, une assemblée nombreuse s’est réunie, complétée par tous ceux qui se sont unis à la prière par les ondes de RCF Jerico Moselle ou à travers la retransmission vidéo sur le site du diocèse.

A partir des textes de la messe dominicale, Mgr Lagleize a repris le cri de la cananéenne : « Prends-pitié de moi, Seigneur, fils de David ». Puis il a développé une relecture de la crise sanitaire, des besoins humains essentiels à l’enjeu de la communion de saints (voir l’homélie ci-dessous).

A la fin de la messe, les célébrants, réunis devant la statue de Notre-Dame de Bon-Secours, ont prié pour les défunts, soutenus par l’assemblée, à travers un chant «  Ave Maria, gratia plena » et une prière pour le temps d’épidémie. Un temps émouvant et fort apprécié par toute la communauté rassemblée.

Homélie de Mgr Lagleize

Ce cri, cet appel de la Cananéenne, peut-être le nôtre en ce temps. Cris des malades et des mourants durant ce temps de confinement, isolés, sans contacts avec leurs proches ! Cris des familles, des proches et des amis qui ne pouvaient plus manifester physiquement leur amour, leur affection, leur remerciement ! En cet après-midi, ici en l’abbatiale de Saint Avold, auprès de la statue de Notre-Dame de Bon-Secours vénérée en la basilique, unis avec tous celles et ceux qui sont en communion avec nous ; nous crions vers le Seigneur Jésus : « Prends pitié de nous Seigneur, prends pitié de nos défunts, de leurs familles et de leurs proches ! ».

Durant ces mois durant lesquels nous devions appliquer les consignes sanitaires, nous nous sommes trouvés face à des questions fondamentales.

Maintenir la proximité avec les malades et les personnes en fin de vie :

Combien de nos concitoyens souffrent cruellement de ne pas avoir été autorisés à visiter et à accompagner un conjoint, un père, une mère, un enfant qui est décédé seul. Je vois encore cet homme croisé dans Metz qui me dit : « Monseigneur, on m’a empêché de dire à ma mère que je l’aimais et lui dire merci !      

 Exprimer notre reconnaissance :

Quand l’un des nôtres accompli son passage, nous souhaitons manifester notre affection par des gestes, des paroles, une présence silencieuse. Nous désirons exprimer notre reconnaissance, notre merci pour l’amour reçu et donné, pour toutes les années vécues ensemble. Nous souhaitons demander pardon ou nous réconcilier. Les mesures sanitaires appliquées sans discernement ont privé les personnes de ces moments essentiels et vont laisser dans la société française des séquelles douloureuses, qui même si elles sont moins visibles que la crise économique, vont impacter durablement notre société.

Penser la dimension scientifique et technique en cohérence avec l’humanité et les sciences humaines :

S’il est de la responsabilité des gouvernements de prendre les mesures efficaces pour maîtriser une pandémie. S’il est raisonnable de mettre en œuvre les préconisations des personnels médicaux et des scientifiques. Ces mises en œuvre ne peuvent pas balayer les fondements qui définissent les êtres humains comme des êtres sociaux, qui ont un cœur et qui désirent exprimer leurs sentiments. Rappelons-nous ce que dit Blaise Pascal dans ses Pensées : « Le cœur a ses raisons, que la raison ignore ».

Ritualiser les passages importants de nos vies :

Les humains éprouvent depuis la nuit des temps le besoin d’accomplir des rites lors des étapes importantes de la vie. L’anthropologie nous enseigne que l’Homme devient humanisé quand il établit des rites au moment de la mort. Toutes les religions pratiquent des rites funéraires : toilette mortuaire, veillée autour du corps, célébration et inhumation ou crémation. La période de confinement nous a empêché d’accomplir certains rites funéraires et a limité la façon normale de célébrer les obsèques et la participation des familles et amis. Je remercie les curés, les prêtres, les diacres et les fidèles laïcs qui ont répondu présents quand les familles demandaient une prière dans le cimetière. Curés et prêtres qui depuis plusieurs semaines célèbrent l’eucharistie pour les défunts de cette période de confinement.

Oser parler :

Pour surmonter les épreuves et ouvrir un chemin de guérison, il est nécessaire de parler, d’être accompagné dans ce travail de deuil. Courant mai, j’ai consulté les curés du diocèse pour avoir leur avis sur les priorités à mettre en œuvre. La majorité a répondu : proposer des lieux d’accueil et d’écoute. Certes des prêtres, des religieuses, des fidèles laïcs sont disponibles pour celles et ceux qui le souhaitent, mais le recours à des personnes formées en psychologie, à l’écoute doit être également privilégié.

Découvrir ou redécouvrir la communion des saints :

Quand nous proclamons notre foi, nous disons : « Je crois à la communion des saints ». Cette affirmation nous révèle que par des liens mystérieux nous sommes en lien, en communion, avec les vivants et les défunts. Ainsi, nous pouvons exprimer à nos défunts notre amour, notre affection, notre reconnaissance, nos demandes de pardon. Dans la tradition asiatique, il y a un autel dans chaque maison avec souvent la photo des défunts, cet autel devient le lieu de la prière pour les vivants et pour celles et ceux qui sont appelés à vivre dans la vie éternelle. Ces autels ne sont pas des lieux de mort, mais un lieu de vie. Tout comme nos cimetières ne sont pas des lieux de mort mais de vie. D’ailleurs en italien l’on dit : Campo santo (le champ des saints) , en allemand : Friedhof.

Chers amis, demeurons persévérants dans l’espérance, confiants dans la miséricorde de Dieu, assurés de la proximité maternelle de la Vierge Marie, Notre-Dame de Bon-Secours. Pour conclure, je vous partage la plus ancienne invocation à la Vierge Marie qui date du 3° siècle : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie. »                                                                        

Amen

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