Une crise sanitaire à l’échelle mondiale

La pandémie que nous avons traversée a provoqué une période de confinement dans de nombreux pays à travers le monde. Sœur Odile Kirstetter, déléguée diocésaine pour les Œuvres pontificales missionnaires, a recueilli quelques témoignages de prêtres, religieux et religieuses qui vivent en Moselle. Merci au père Eloi Bamogo et à sœur Odile Nacoulma, originaires du Burkina, à sœur Marie Claudine Lieupeure du Cameroun, au père Fenel Bourdeau d’Haïti, à sœur Aldegonde Kahambu et sœur Pascaline Liripa du Congo, à sœur Léo Sani originaire d’Inde, au père Daniel Muhame de l’Ouganda, à sœur M. Philomène et au père Athanase Belei, originaires du Togo, et à sœur Anna Ngo Duong du Vietnam.

Des pays déjà fragiles

En se mondialisant, l’épidémie de coronavirus a touché des pays qui faisaient déjà face à des situations extrêmement précaires. Au Burkina, le pays « vit une situation humanitaire alarmante suite aux attaques terroristes qui ont entraîné le déplacement de près l’un million de personnes à l’intérieur du pays. » Au Congo « le Covid 19 est venu surcharger le crise politique, où les massacres se font chaque jour. » La population a aussi été confrontée au virus Ebola qui a fait de nombreuses victimes. En Inde, « la pandémie aurait pu faire de nombreuses victimes dans ce pays-continent de 1.3 milliards d’habitants, qui compte une population fragile et des infrastructures sanitaires déficientes. » Au Congo, la région du Sud Kivu fait face en plus à une grande inondation qui emporte 3 500 maisons, « les personnes se réfugient dans les écoles et brulent le mobilier pour se chauffer. Ils survivent grâce à l’assistance des fidèles des autres diocèses. »

 

Des mesures strictes mais complexes à appliquer

Quand le virus Covid 19 commence à s’étendre, les gouvernements prennent des mesures drastiques. En Ouganda, « le gouvernement, en collaboration avec les églises et les mosquées, a déclaré le confinement strict même avant que les gens ne soient contaminés. » Dans ce pays, la population est régulièrement informée, « comme les magasins sont fermés, le gouvernement a acheté de la nourriture pour la population », ceux qui ont de l’argent font des dons à l’Etat et sont remerciés publiquement. Le défi principal de ce pays est de contrôler les chauffeurs routiers qui traversent le pays, venant de pays où le confinement n’est pas strict, pour rejoindre d’autres pays limitrophes. Au Togo, « l’Etat a aidé les centres de santé et construit de nouveaux centres pour pouvoir accueillir tous les malades. Dans le même temps, il a multiplié les formations pour les agents de santé. » Au Vietnam, « le gouvernement a immédiatement fermé sa frontière avec la Chine et contrôlé les passagers arrivant à l’aéroport. »

En Inde, « les travailleurs journaliers qui n’ont aucune assurance se retrouvent brutalement sans revenus, voire sans nourriture, et sont obligés de fuir les villes à pied sur des centaines de kilomètres. Le nombre de morts sur la route est bien plus grand que ceux du coronavirus. » Au Cameroun, « les autorités civiles demandent au peuple d’éviter les sorties, la fermeture des écoles, des bars et restaurants et des magasins, mais cela reste compliqué pour le peuple car il risque plus de mourir de la famine que de la pandémie. » Il en est de même en Haïti, dans lequel la population très pauvre « doit sortir dans la rue chaque jour en quête de quoi se nourrir ». En Burkina également, « comment demander à des gens qui vivent au jour le jour d’arrêter toutes leurs activités quand on ne peut pas leur donner à manger ? » C’est principalement dans les villes que la faim sévit, et parfois ils ne survivent que grâce à la générosité des voisins.

Des Églises mobilisées

Dès le début de la pandémie, les Églises se sont mobilisées pour soutenir la population et ont fait preuve de prudence. En Ouganda, au Burkina et au Togo, les médias chrétiens ont diffusé des messes et des temps de prière en ligne et à la radio. Les diocèses ont également publié des affichages, recommandant à tous les fidèles de suivre scrupuleusement les gestes barrières. Les congrégations assurent un grand service auprès de la population, pour les encourager à bien se protéger, par exemple « en apprenant à des familles pauvres à fabriquer des solutions pour désinfecter les mains mais surtout à les encourager à rester fortes face à l’épreuve ». A Haïti comme dans de nombreux pays, « L’Église essaye de maintenir allumée la flamme de l’espérance d’une vie meilleure. Entre temps, elle continue au travers de ses organismes caritatifs et des paroisses, d’apporter son aide aux plus démunis. » Les Caritas sont particulièrement impliquées pour apporter leur aide aux plus démunis.

Lors de la Journée mondiale des communications sociales qui a lieu au cœur de l’épidémie, Mgr Pierre Nguyen Van Kham, évêque vietnamien, soulignait que « la plus grande leçon ici est la coopération : coopération entre diocèses, coopération entre diocèse et ordres religieux, coopération entre paroisses. » Cette coopération sera indispensable pour venir en aide à des populations qui se sont encore appauvries avec cette pandémie. Le virus perd du terrain et, peu à peu, la vie reprend son cours mais le partage et la prière devront rester de mise : « on s’est vraiment mis dans les mains du Seigneur. »

 

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