Réussir l’accueil des réfugiés en France et en Europe

Le 18 septembre, à l’invitation du Réseau de solidarité des associations messines (RESAM) et du Service diocésain de la pastorale des migrants, Pascal Brice, directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) de 2012 à 2018, était à Metz. Il a donné une conférence à l’église Saint-Maximin sur le thème : Réussir l’accueil des réfugiés en France et en Europe.

Pascal Brice, qui est aujourd’hui conseiller-maître à la Cour des comptes, a publié en février 2019 chez Fayard un ouvrage sur son expérience à la tête de l’OFPRA intitulé Sur le fil de l’asile. Il y décrit son expérience de terrain, de Calais à Lampedusa, en passant par le camp de Blida à Metz. C’est le récit d’une « aventure collective et humaine », d’un combat pour que la France et l’Europe soient pleinement un refuge, en ces temps de doutes sur notre capacité à accueillir des personnes étrangères.

En introduction de sa conférence à l’église Saint-Maximin, Pascal Brice s’est interrogé : quand va-t-on tirer des leçons de nos erreurs passées ? Quand comprendra-t-on que laisser des gens dans la rue ne va pas arranger les problèmes ? Puis, il a fait un constat : dans notre pays, le droit des réfugiés n’est pas appliqué, que ce soit au niveau de l’accueil ou de la protection des demandeurs. « Ce qui doit prévaloir c’est l’accueil, afin de faire sortir les réfugiés de la violence des camps », tient à souligner le diplomate, lui-même petit-fils de réfugiés. Il déplore également la faillite du règlement européen de Dublin qui régit l’accueil des migrants. « Il génère de l’incompréhension et est à l’origine de nombreux blocages. Il faut des règles européennes et une convergence entre les pays pour que les demandeurs d’asile soient accueillis dans de bonnes conditions. » Cela permettra aussi et surtout d’appliquer rapidement le droit et de ne pas laisser trop longtemps les personnes dans des centres d’hébergement.

Alors qu’en France s’ouvre actuellement le débat parlementaire sur l’immigration, Pascal Brice se félicite de ces discussions. « Longtemps, j’ai différencié droit d’asile et politique migratoire. Aujourd’hui, j’ai compris que s’il n’y a pas de politique migratoire organisée, nous ne résoudrons pas les problèmes liés aux demandeurs d’asile. » Selon l’ancien directeur général de l’OFPRA, il faut réécrire le droit d’hospitalité avec des critères clairs, précis, transparents et lisibles pour le droit au séjour, le droit d’asile, la migration économique légale, et l’élargir aux personnes en situation de détresse humanitaire et aux déplacés climatiques environnementaux à venir. Dans le même temps, il sera nécessaire de respecter les limites. « Lorsque l’on n’est pas dans les critères, on doit effectivement être reconduit à la frontière. » Si ces limites ne s’appliquent pas, nous risquons d’être confrontés à une crise de défiance, à des tensions, voire à une crise démocratique.

Selon Pascal Brice, aujourd’hui est venu le temps de la réflexion sereine. « Cela ne sera pas facile, mais si nous mettons tout à plat, nous pourrons le faire. » Pour cela, les services de l’État devront collaborer avec les nombreuses personnes et associations qui travaillent tout au long de l’année au contact des migrants. « Toutes ces personnes œuvrant dans l’aide aux réfugiés sont une force sociale incroyable capable de porter ce défi, un puissant levier pour avancer », se félicite le conférencier.

À l’issue de son intervention, et après un échange avec le public, Pascal Brice a dédicacé son livre Sur le fil de l’asile.

 

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