L’abbé Sébastien Klam, nouveau vicaire général

Sébastien Klam a 42 ans. Il est prêtre depuis le 30 juin 2002. À compter de ce 1er septembre 2019, il est vicaire général du diocèse de Metz, modérateur de la curie, en remplacement de l’abbé Jean-Christophe Meyer, nommé secrétaire général adjoint à la Conférence des évêques de France. Voici une interview de l’abbé Klam, ainsi qu’une présentation de son parcours.

Sébastien Klam, vous avez été appelé par l’évêque pour assurer la mission de vicaire général, modérateur de la curie diocésaine. Comment avez-vous reçu cet appel et dans quel état d’esprit envisagez-vous cette nouvelle responsabilité ?
D’emblée, j’évoquerai trois adjectifs pour décrire la façon dont j’ai reçu cet appel : étonné, un tantinet frustré et interrogatif.
Étonné, parce que je venais d’arriver à Marly comme curé en septembre 2017 et voilà qu’à peine deux ans après, je suis appelé pour une nouvelle mission. De même, coordonnant le travail au sein du Service Santé-Handicap depuis quatre ans, je devais également quitter cette fonction dans laquelle je m’étais beaucoup investi et qui rejoignait bien mes attentes. Les changements, trop réguliers (sauf si le prêtre ne se sent vraiment pas à l’aise dans sa mission), ne rendent pas forcément service ni au prêtre, ni aux chrétiens des communautés au sein desquelles il est censé s’investir. Depuis mon ordination presbytérale en juin 2002, j’arrive déjà à la neuvième mission qui m’est confiée. Je garde donc ce sentiment de n’être que passé en certains lieux, sans pouvoir prendre le temps de m’investir autant que j’aurais voulu, ce qui de fait nécessite du temps.
Nous pouvons donc comprendre que je ressentais également une certaine frustration, frustration de devoir quitter deux belles missions qui me convenaient parfaitement et au sein desquelles je commençais seulement à imprimer quelques notes personnelles qui faisaient suite au travail entrepris avec d’autres. Par exemple, à Marly et dans le prolongement de la mise en place du projet pastoral pour une Église missionnaire, je venais d’appeler des laïcs pour former l’équipe de coordination pastorale, tout en animant une communauté de paroisses dynamique, avec des personnes aimant leur Église et prêtes à servir et s’engager, au-delà des difficultés que nous connaissons partout. De même, au niveau de l’archiprêtré de Montigny-lès-Metz, nous avions réalisé ensemble tout un travail relatif aux sept missions, réfléchissant notamment aux personnes qui pourraient s’en charger… travail désormais entièrement à revoir !
Le Service Santé-Handicap, conjointement, nécessitait un accompagnement plus particulier ces derniers mois, non seulement parce que nous avions acté le départ de notre secrétaire en novembre dernier (qui ne sera remplacée qu’à partir de cette rentrée), mais aussi parce que nous avions connu le décès subit en janvier de Chrystel Haumont qui était en charge de la pastorale des personnes handicapées, épreuve dont nous en étions tous sortis bouleversés.
Au regard de ces sentiments qui m’ont habité, je ne pouvais que m’interroger sur le choix dont j’ai été le sujet. Me qualifiant volontiers d’une personne ne supportant pas être hors-sol, aimant le terrain sur lequel j’évoluais tant en paroisse depuis dix-sept ans qu’au niveau hospitalier et du monde de la santé dans les différentes instances fréquentées, je nourrissais quelques craintes pour rejoindre une mission que je ne voyais jusque-là que de façon un peu lointaine même si, évidemment, par mes fonctions passées, des liens avaient été chaque fois noués avec les vicaires généraux en charge des services diocésains et des prêtres.
Néanmoins, à l’aube d’une nouvelle mission, je ne peux que garder confiance, espérant que j’y trouverai également satisfactions et joies dans les rencontres et le travail qui seront les miens.

Des différentes étapes antérieures de votre ministère, qu’est-ce que vous gardez de positif qui va vous servir pour votre nouvelle mission ?
Il me semble important de ne jamais oublier d’être à l’écoute de ce qui se vit et ce qui se dit. Que ce soit en paroisses avec les rencontres que j’ai pues vivre, comme à l’hôpital à travers ces temps précieux passés au chevet des patients, mais aussi de leurs familles et du monde soignant, j’ai eu la grâce d’apprendre beaucoup sur la vie, sur la variété de nos histoires, des besoins et des demandes qui ont été exprimées en tant de circonstances. Je crois donc que nos obligations d’écoute sont fortes, quelle que soit la mission confiée. J’ai toujours eu l’habitude de dire que nous devenons prêtres parce que ce sont justement les autres qui nous forment, nous invitant à ne jamais oublier d’où nous venons et qui nous sommes. Je crois beaucoup à la force de nos racines, de cette histoire composée au fil du temps, avec les besoins et les désirs propres à chacun et qu’il serait faux de nier ! Écouter et entendre ce qui se vit et se dit me paraît donc essentiel. D’où l’importance de ne jamais se couper du terrain, tant paroissial qu’associatif ou dans des mouvements divers. Pour en avoir parlé avec Mgr Lagleize et avec son accord, au-delà de la charge de vicaire général qui m’apparaît déjà bien complète, je garde cependant cette chance de poursuivre ma présence en d’autres lieux, notamment dans le monde hospitalier et le travail en éthique médicale qui m’accompagne depuis vingt ans maintenant, avec des projets qui me tiennent à cœur et que je ne lâcherai pas! J’y lis une belle fidélité, convaincu que cette école de vie nourrira également mon travail pastoral au service du diocèse, comme ce fut le cas dans le passé.

Quels sont, selon vous, les défis que notre diocèse doit prendre en compte aujourd’hui ?
Je crois que, pendant trop longtemps, nous n’avons plus su parler simplement aux femmes et aux hommes de notre temps ; ce qui participe, entre autres, à la crise profonde que traverse l’Église actuellement. Personnellement, je n’ai jamais aimé les discours moralisateurs ou plein de certitudes du type « moi, je sais », quelles qu’en aient été par ailleurs les origines. Ma formation en éthique m’a toujours appris le pouvoir du questionnement, la grâce de pouvoir s’interroger et de chercher, comprenant qu’il était nécessaire de ne jamais rester sur des acquis mais de s’inquiéter pour l’avenir, pour ceux qui le composent.
Un des défis est de retrouver ce pouvoir du questionnement. Nous nous sommes dotés récemment d’un projet pastoral appelant à une conversion missionnaire, ainsi que d’une nouvelle organisation de la proposition des sacrements de l’initiation chrétienne (expérimentée déjà en certains archiprêtrés dès cette rentrée). Nous pouvons nous en réjouir… et poursuivre ces travaux en nous interrogeant sur la capacité qui est la leur de rejoindre les besoins ou les désirs des femmes et des hommes de notre temps. Comment peuvent-ils s’incarner et répondre à ce que nos contemporains expriment dans leurs joies, leurs souhaits, leurs peines et leurs souffrances ? Avant de parler, de proposer, prenons le temps de rencontrer, d’écouter, d’aimer… c’est un défi pour notre Église diocésaine.
Par ailleurs, je crois aussi qu’il nous faudra réfléchir sur la façon dont nous pouvons peser et être présent dans les débats liés aux enjeux écologiques. Là aussi, nous avons tant à imaginer, à recevoir, à questionner. Enfin, je ne peux me défaire de cette idée que l’Église a une mission de présence en tant de lieux de pauvreté, quelle qu’en soit la nature. C’est son ADN quelque part, l’histoire nous l’a maintes fois montré tant elle était à l’origine de ces lieux d’accueil pour les pauvres, les étrangers, les malades, les pèlerins. Nous devons continuer à nous impliquer dans ces domaines, faisant preuve, là aussi, d’une charité inventive !

Propos recueillis par Marc Taillebois

Parcours de l’abbé Sébastien Klam

FORMATION
2012-2015 : doctorat en Théologie à l’Université de Lorraine
2005-2006 : master en Théologie et Sciences Religieuses, spécialité Fait Religieux, Université Paul Verlaine de Metz
2003-2004 : diplôme Interuniversitaire d’Éthique Médicale, Université Henri-Poincaré Nancy I, Faculté de Médecine de Nancy
2000-2001 : maîtrise de Théologie Catholique, Université Paul-Verlaine de Metz
1994-1995 : bac scientifique, option Physique-Chimie, Lycée Jean-Moulin de Forbach

EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES
1.09.2017 – 31.08.2019 : curé de la Communautés de paroisses Saint-Jacques en Grande Seille
1.09.2015 – 31.08.2019 : directeur du Service Santé-Handicap du diocèse de Metz
1.09.2011 – 31.08.2017 : prêtre coopérateur à la Communauté de paroisses Saint-Privat de Metz-Sud
1.09.2011 – 31.08.2016 : directeur de la Propédeutique interdiocésaine Saint-Jean-Baptiste de Nancy
1.09.2008 – 31.08.2011 : membre de l’équipe animatrice de la Propédeutique interdiocésaine Saint-Jean-Baptiste de Nancy
1.09.2008 – 31.08.2011 : desservant de la Communauté de paroisses Saint-Paul de l’Est Messin
1.09.2005 – 31.08.2008 : vicaire à la Communauté de paroisses Saint-Rémi de Forbach
1.09.2001 – 31.08.2005 : vicaire à la Communauté de paroisses Saint-Jean XXIII de Boulay

VIE ASSOCIATIVE
Depuis 2017 : vice-président de l’association Un Toi de Vie
Depuis 2016 : membre du Comité d’éthique du CHR Metz-Thionville
Depuis 2016 : membre fondateur du groupe des soignants chrétiens et de l’Espace chrétien d’éthique de la santé (diocèse de Metz)
Depuis 2015 : membre de l’équipe de l’aumônerie catholique de l’Hôpital de Mercy
Depuis 2014 : membre du Comité Éthique et Scientifique de l’hôpital Robert-Schuman de Metz
Depuis 2009 : membre de l’ELES (Espace Lorrain d’Éthique de la Santé)
Depuis 2002 : membre puis Président du CESA (Comité d’Éthique Saint-André)
2005-2008 : aumônier de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul de Forbach
2002-2005 : aumônier du Secours Catholique de Boulay-Moselle

 

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