Conférence : la postérité catholique de Luther

conf-gougaud_01Dimanche 12 mars, en ce deuxième dimanche du Carême, c’est le père Emmanuel Gougaud, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens à la Conférence des évêques de France qui a donné la seconde conférence de la Commémoration œcuménique de la Réforme luthérienne. Une conférence agrémenté d’interludes musicaux avec la soprane Agathe Zénier et l’organiste Philippe Delacour.

« Tout comme Luther en son temps, l’Eglise est sans cesse appelé à se réformer » explique dès son introduction le père Gougaud. Dans le contexte de son temps, Luther voulait surtout engager un débat théologique sur les indulgences, chemin spirituel proposé pour faciliter la réconciliation, mais qui fut dévoyé comme un moyen de financer la construction de la basilique Saint-Pierre. La réforme qu’il souhaitait était plutôt un effort de meilleure évangélisation. Mais celui-ci a vite dérivé vers une confrontation, puis en séparation lorsque les disputes théologiques ont trouvé des échos dans des controverses politiques.

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Depuis cinq siècles, chaque centenaire n’a pas permis de rapprochement mais au contraire une plus grande divergence entre Luther et les catholiques. Pour la première fois, c’est en 2017, 50 ans après le Concile Vatican II qui fut un tournant dans les relations œcuméniques, que catholiques et luthériens commémorent ensemble cet anniversaire. « Commémorer en commun évite de polémiquer » explique encore l’intervenant. Reprenant l’image d’un vol d’avion que donne le Cardinal Koch de l’œcuménisme, le père Gougaud témoigne de l’engagement de l’Eglise catholique dans de nombreuses commissions de dialogue avec d’autres confessions. « Le concile a été le décollage, et désormais nous sommes en vol. Cela donne l’impression que rien ne bouge, car on n’a pas le référentiel terrestre pour voir le déplacement. Mais l’œcuménisme est pleinement actif ».

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Dans une seconde partie de son intervention, le directeur de l’unité des chrétiens à souligner quelques marques spécifiques de la pensée de Luther. Tout d’abord la redécouverte de l’Ecriture sainte : « Luther rend la Bible aux chrétiens, et la Parole de Dieu me parle que si elle fait naître le Christ en moi ». Sola scriptura, sola fide. « Seule la foi peut donner le salut en Jésus Christ. Le juste est justifié par la foi ». Pour Luther, il faut que le croyant s’appuie sur le Christ pour être sauvé. Dans la conception luthérienne, l’Eglise est l’assemblée des croyants. En catholicisme, l’Eglise est d’abord celle qui est sous la responsabilité d’un évêque, successeur des apôtres. Ces différentes conceptions de l’Eglise sont à dialoguer, de manière à poursuivre la construction de l’unité visible de l’Eglise..

Après l’année de la miséricorde, cette année de commémoration commune nous donne l’occasion de nous savoir toujours en marche dans cette nécessaire réforme.

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La semaine prochaine, dimanche 19 mars, le troisième rendez-vous de ce cycle « Luther pour tous » aura lieu au Temple de Montigny à 15h, avec un concert de l’ensemble l’Orféo autour des Cantates de Luther.

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