Jubilé d’or

Oui, je suis un ‘’ prêtre de Vatican II ‘’, et fier de l’être : aujourd’hui, nous en vivons une belle expérience ! Je suis un prêtre heureux ! Non seulement aujourd’hui, mais depuis cinquante ans :

Heureux d’aimer et de servir le Christ « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Galates 2,20) ; heureux de servir dans une Église diocésaine dont les évêques m’ont toujours accordé leur confiance ; heureux d’avoir été inspiré par des prêtres remarquables.

Oui, tout cela m’a rendu heureux comme prêtre. Heureux d’être un prêtre du Concile Vatican II, prêtre d’une Église qui a vécu la plus grande conversion de son histoire depuis les origines. Elle s’est mise humblement à l’écoute et au service des femmes et des hommes d’aujourd’hui : c’est pour eux que le Christ est venu, et à eux qu’il a voulu apporter la bienveillance de Dieu, la vie en abondance. Une Église servante et pauvre, au service d’abord des petits et des pauvres, et de tous ceux qui sont, comme dit le Pape François, à la périphérie de l’Église ou de la société.

Ces années comptent, sûrement, parmi les plus belles périodes de la vie de l’Église ; je suis le témoin et, bien humblement, un petit acteur d’une Église qui a changé profondément, d’un ministère de prêtre qui a aussi changé grandement.

Je suis tellement heureux d’avoir fait route avec un certain nombre d’entre vous grâce à qui j’ai pu accomplir les cinquante années de ce ministère. J’aimerais  évoquer quelques convictions, quelques expériences qui ont fait ce que je suis, et qui ont fait de moi un prêtre heureux et rempli d’espérance, malgré les lourds défis de notre société et de notre Église.

Ce qui m’a permis de traverser toutes ces années, malgré les difficultés, les épreuves parfois, c’est d’abord votre amitié, votre prière, votre soutien, votre collaboration, et surtout votre témoignage de vie : la Vie est la lumière des hommes, et votre vie a été pour moi source de lumière. J’ai toujours eu besoin de me sentir au cœur d’une communauté chrétienne vivante.

Tous les jours, au réveil, je m’étonne et m’émerveille de la bonté des gens, comme de la beauté du monde. Chaque jour m’éveille à la présence d’un Dieu d’amour, à la fois si proche et ’’ plus intime à moi que moi-même’’, comme disait saint Augustin, et en même temps, si grand, si lointain, si mystérieux. Un Dieu à qui je dois tout, qui m’a fait et qui m’aime tel que je suis, avec mes qualités et mes défauts. Un Dieu qui est à la fois mon Père et notre Père à tous, à qui je confie ma vie chaque matin. Mais il demeure aussi pour moi le grand Inconnu, plus grand que l’univers si vaste, un mystère d’inconnaissance.

Avec le temps, j’ai appris à parler de lui modestement, car je n’ai aucune prise sur lui. Je ne peux en parler qu’en me laissant inspirer par Jésus qui m’a appris à découvrir le Père et l’Esprit dans ma vie. Je n’ai pas Dieu dans ma poche. Je ne suis pas son fonctionnaire, mais un simple serviteur qui prie chaque matin en disant : « Je te cherche dès l’aube. » (Psaume 62)

Et puis, il y a le Christ, qui m’a, un jour, séduit. J’essaie tant bien que mal de le suivre en accueillant les événements, mais surtout les personnes qu’il place sur ma route. Sa Parole me nourrit même si je ne suis pas un grand priant. Je prie beaucoup en marchant, en regardant la vie et la nature, mais surtout, je suis constamment épaté des amis du Christ, ces femmes et ces hommes qui, autour de moi, comme vous aujourd’hui, sont ses mains, son cœur, son regard.

Marie aussi fut très présente. Comment oublier que trente années de ma vie ont été vécues dans des paroisses placées sous le patronage de Notre Dame ?

J’aurais pu aussi parler des souffrances, souffrance surtout de ne jamais être à la hauteur, souffrances des deuils aussi, mais surtout des bêtises ou des erreurs de jugement que j’ai pu commettre, des personnes que j’ai blessées. Pardonnez-les moi, je vous en prie. Un Jubilé, c’est un temps pour demander une remise de dettes, et j’en ai tant à l’égard de mes paroissiens.

En terminant, je me reconnais dans ces mots récents du Pape François à propos des pasteurs : « La joie de l’Église est d’engendrer ; la joie de l’Église est de sortir de soi-même pour donner la vie ; la joie de l’Église est d’aller chercher les brebis égarées ; la joie de l’Église est celle de la tendresse du pasteur, de la tendresse de la mère. »

 Albert BLUM

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