Soutenir l'Eglise
Trouver ma paroisse
Espace Membres

12 novembre 2017 – 32ème Dimanche du Temps de l’Eglise

Huile ou électricité ?

Aujourd’hui l’énergie vient à tous à tout moment avec une profusion déconcertante. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Je me souviens qu’autrefois les coupures de courant étaient fréquentes, et qu’elles pouvaient durer quelques heures. L’enfant que j’étais goûtait la magie de ces moments. Car au lieu des ampoules à incandescence et des tubes néon bourdonnants, nous avions droit, pour nous éclairer, à des bougies et des lampes à huile. La soirée se changeait en une veillée festive. Tous groupés dans la même pièce, nous profitions de cette lumière parcimonieuse, tremblotante et aux tons mordorés. L’occasion de se parler, de rire, d’être ensemble. Nos ombres s’étiraient démesurément le long des murs. Plus rien n’avait l’apparence ordinaire. Et les ténèbres dont nous sentions la proximité enveloppante semblaient détenir un secret vaguement inquiétant. Viendrait bientôt le moment où les ampoules éclaireraient à nouveau la maison de leur éclat impersonnel, et où chacun regagnerait son espace.

Cette expérience me donne une petite idée du quotidien de mes grands-parents quand ils étaient enfants, quotidien qui sur le fond n’était pas si différent de celui des habitants de la Palestine d’il y a deux mille ans. Le prix élevé de l’huile explique qu’on ne veillait pas à moins d’avoir de sérieuses raisons, mais aussi qu’il fallait précisément évaluer ses besoins. Sans lampe, impossible de mettre un pas devant l’autre. Un ciel sans lune ne laissait aucun espoir de trouver son chemin. On comprend mieux dès lors que les jeunes filles de la parabole, les plus raisonnables du moins, tiennent tant à leur lampe et qu’elles en gèrent l’usage avec autant de soin.

Que serait-il arrivé si ces jeunes filles avaient disposé, comme nous, d’une énergie bon marché, accessible en permanence, et de moyens techniques d’éclairage performants ? Les dix seraient-elles alors entrées avec l’époux dans la salle des noces ? Cela aurait mieux convenu à notre époque, si soucieuse d’égalité et si avide de dénouement en forme de « happy end ». Mais il est à parier que la parabole eût perdu beaucoup de son intérêt…

Nicolas Brucker

Partager