« La grâce de servir » du ministère diaconal

spiritualite_du_diaconatDidier Rance a été ordonné diacre permanent dans notre diocèse en 1985. Ancien directeur de l’Aide à l’Église en détresse (AED), il vient de publier aux éditions Salvator un ouvrage intitulé Spiritualité du diaconat dans lequel il explore la « grâce de servir » qui caractérise la spiritualité du ministère diaconal.

Didier Rance, quel est le propos de votre dernier livre Spiritualité du diaconat ?
Il ne s’agit pas d’une histoire du diaconat. L’objectif est d’essayer d’aller à l’essence, au cœur de ce qu’est le diaconat, à travers toutes ses formes extrêmement variées. Le visage le plus fréquent du diaconat, ce sont des diacres qui sont dans le diocèse et pour le diocèse où ils ont été ordonnés. De mon côté, ma façon d’exercer mon ministère est un peu marginale, puisque je n’ai jamais eu de fonction particulière dans le diocèse Metz à proprement parlé. Le fait de ne pas être dans le diocèse et de ne pas avoir « la tête dans le guidon » me donne sans doute un certain recul qui me permet de voir des choses que l’on ne peut pas voir lorsque l’on est « dedans ».
Le diacre est serviteur du Christ serviteur. Le Christ a voulu que son Église soit une Église servante. Dans mon ouvrage, je souligne le grand paradoxe du diaconat : tout ce que le diacre peut faire (proclamer l’Évangile, célébration des baptêmes, etc.), le prêtre peut aussi le faire ; tout ce que le diacre doit faire (le service de la charité), tous les baptisés sont appelés le faire également puisque tous les chrétiens sont appelés à servir leurs frères, ce n’est pas l’exclusivité des diacres. Or nous sommes dans un monde où l’on définit les personnes et leur utilité par rapport à leur fonction propre. Quelqu’un qui n’a pas de fonction propre, à quoi sert-il ? Dans un premier temps, j’ai essayé de justifier les choses extraordinaires réalisées par des diacres, puis je me suis dit : « à quoi bon, ce n’est pas l’essentiel ». Ce que l’on fait, d’autres peuvent ou doivent le faire. Cela nous oblige à voir ce que nous sommes, pas en fonction de notre utilité ou de notre fonctionnalité mais en fonction de ce que Jésus a voulu : une Église organisée certes mais aussi et surtout une Église servante. Comme disait Jean-Paul II, les diacres sont « les signes de ce à quoi tous les baptisés sont appelés ».

Après toutes ces années, pensez-vous que le diaconat soit une vocation spécifique dans l’Église ?
Absolument. Elle est une vocation de service avec ces trois dimensions (le service de l’autel, le service de la parole et le service de la charité). Il est bon que l’Église montre que le service fait partie de son essence.

Spiritualité du diaconat de Didier Rance – Éditions Salvator – Janvier 2017 – 192 pages, 20 €.

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