« Le pari fou d’une démocratie de fraternité »

conference_hotel_ville_metzMardi 1er février, à l’invitation de l’association Chemins d’Art et de Foi en Moselle, près de 200 personnes étaient réunies dans les salons de l’Hôtel de Ville de Metz pour suivre l’intervention de Jo Spiegel, élu alsacien, fervent défenseur d’une véritable démocratie participative où la dimension spirituelle a toute sa place.

Comment donner le meilleur de nous ? Comme passer du « je » au « nous » ? C’est par ces questions que Jo Spiegel a introduit son intervention dans une salle trop petite pour accueillir le nombreux public qui s’était déplacé hier soir à l’Hôtel de Ville de Metz et parmi lequel figuraient Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Metz, et Dominique Gros, maire de Metz.

Maire de Kingersheim (Alsace) depuis 1989, président de Mulhouse Alsace Agglomération et auteur de l’ouvrage Faire (re)vivre la démocratie, Jo Spiegel est persuadé qu’au niveau local, « c’est auprès et avec les citoyens que l’on peut changer le monde ». C’est pourquoi il milite pour « une démocratie d’intercommunalité basée sur le principe de solidarité, pour un projet commun ». Il trouve ainsi incompréhensible la récente réforme des régions : pourquoi agrandir alors qu’il faut plus de possibilité pour agir sur le terrain et écouter les populations ?

Conjuguer politique et spiritualité

Pour faire vivre la démocratie, il faut donner la parole aux personnes plutôt qu’au système et laisser une place à la spiritualité. Pour conjuguer politique et spiritualité, il est important de réfléchir à trois questions :
– La transformation : il n’y a pas de transformation collective sans transformation individuelle ;
– Le rapport au pouvoir : comment organiser le débat public et donner la parole à un maximum de personnes ? ;
– L’engagement : qu’en est-il de ma responsabilité ? en quoi suis-je responsable de l’autre ?

Pour Jo Spiegel, « l’essentiel au XXIème siècle c’est l’éthique ». Aujourd’hui, en tant qu’élu, il se définit comme « un ouvrier du vivre-ensemble » dans un système qui, selon lui, est « arrivé au bout » : il faut mesurer les limites de la « démocratie jamais participative » qui voit la montée de l’individualisme.

jo_spiegel_robert_scholtusLa démocratie-construction

Comment sortir de cette situation actuelle ? En se référant à l’Évangile, qui traite de la question de l’amour, nous pourrions voir comment l’on pourrait progresser sur ce terrain. Jo Spiegel évoque le concept de « démocratie-construction » basé sur le principe de fraternité et où la dimension spirituelle (à travers ses valeurs de respect et de tolérance) serait essentielle. Cela permettrait « de créer des chemins d’espérance et de susciter une élévation scrupuleuse du débat public » : le dialogue plutôt que la rumeur ; le partage plutôt que les amalgames.

Jo Spiegel a alors pris en exemple la Maison de la citoyenneté qui a été construite sur sa commune en 2006. Elle est un lieu qui rassemble élus, habitants et experts et qui mélange décisions, débats publics et co-construction. Elle favorise ainsi un fonctionnement plus horizontal. Pour le maire de Kingersheim, « cette maison est le lieu des trois cultures humaines (l’utopie, l’indignation et la décision) et elle permet de sortir de ce cloisonnement ».

Exigeante et transformatrice

Pour conclure, Jo Spiegel rappelle que « la démocratie doit être exigeante mais aussi transformatrice » (des désaccords qui deviennent des accords après discussions). L’objectif étant de passer du « je » au « nous », sans perdre la singularité du « je ». Cette démocratie, qui se veut habitée, devra laisser une grande place à l’interactivité (« faire avec »). C’est ainsi que nous pourrons relever « le pari fou d’une démocratie de fraternité » !

Suite à son intervention, le conférencier a pu répondre aux questions de l’assistance.

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